Rhumatologie
Lupus : nette amélioration du pronostic des grossesses
Au cours du lupus, les progrès de la prise en charge permettent d'envisager mener des grossesses à terme d’un enfant normal chez de plus en plus de femmes.
- Michail_Petrov-96/istock
Chez les malades souffrant de lupus érythémateux disséminé (LED), du fait du rôle aggravant des estrogènes dans cette maladie, la grossesse est considérée comme un facteur de déclenchement des poussées évolutives de la maladie et les médecins conseillaient le plus souvent aux femmes atteintes de cette maladie d'éviter d’être enceintes ou d'interrompre leur grossesse.
Une nouvelle étude, publiée dans les Annals of Internal Medicine, démontre que le déroulement des grossesses s’est considérablement amélioré pour les patientes souffrant de cette maladie au cours des deux dernières décennies.
Analyse d’une large base de données
Une équipe de prestigieux centres de recherche de New York a analysé la base de données nationale américaine des patients hospitalisés (NIS). Le NIS contient les comptes rendus d’hospitalisation de près de 20 % de tous les hôpitaux des États-Unis. Il s'agit de la plus importante base de données sur les patients hospitalisés aux États-Unis, et elle est axée sur les femmes enceintes adultes hospitalisées, avec et sans lupus érythémateux disséminé.
À l'aide de cette base de données, les chercheurs ont examiné les données sur toutes les femmes enceintes de 1998 à 2015, en se concentrant sur la mortalité maternelle à l'hôpital, la mortalité fœtale, les prééclampsies/éclampsies, les césariennes, les admissions sans accouchement et la durée du séjour.
Baisse spectaculaire de la mortalité
Parmi les résultats, les chercheurs ont identifié une baisse spectaculaire de la mortalité à l'hôpital chez les patientes atteintes d’un lupus, de 442 pour 100 000 admissions entre 1998 et 2000, à moins de 50 pour 100 000 admissions entre 2013 et 2015. La mortalité à l'hôpital a également diminué chez les patientes sans lupus au cours de la même période, mais de façon beaucoup moins spectaculaire, passant de 13 à 10 pour 100 000 admissions.
En d'autres termes, le risque accru de mortalité hospitalière chez les patientes atteintes de lupus est passé de 34 fois plus élevé que les témoins entre 1998 et 2000, à seulement 2,5 à 5 fois plus élevé entre 2013 et 2015.
Une baisse de la mortalité fœtale a également été relevée chez les patientes atteintes de lupus : elle était plus importante que chez les patientes sans lupus, mais la différence n'est pas statistiquement significative.
Amélioration des grossesses
D'autres résultats montrent que les taux de pré-éclampsie/éclampsie ont diminué chez les malades atteintes de lupus au cours des deux périodes étudiées, passant de 9,5% à 9,1%, et qu’ils ont augmenté chez les patientes sans lupus, de 3,3% à 4,1%.
La durée du séjour à l'hôpital a également diminué pour les grossesses au cours d’un lupus, passant d'une moyenne de 4,3 jours à 3,8 jours, mais a augmenté pour les grossesses sans lupus, passant d'une moyenne de 2,5 à 2,7 jours.
Dans le même temps, le pourcentage de patientes admises et atteintes de lupus a augmenté de façon significative, passant de 0,09% à 0,16% pour toutes les admissions liées à la grossesse et de 0,08 % à 0,14 % pour celles liées à une grossesse et à un accouchement.
Amélioration des traitements
Ces résultats ne reflètent bien évidemment l'exacte vérité mais les chercheurs pensent qu'à mesure que le traitement du lupus s’améliore, un plus grand nombre de femmes atteintes de la maladie ont tenté et réussi à mener une grossesse à terme.
L'amélioration des résultats est probablement attribuable à plusieurs facteurs : amélioration du diagnostic, orientation précoce des patientes atteintes d'une forme modérée de la maladie vers des rhumatologues, conseil des patientes qui veulent une grossesse d'attendre la rémission de la maladie, de même qu'une amélioration du traitement du lupus et de ses complications au cours de la grossesse.
Parmi les facteurs plus précis qui peuvent expliquer l'amélioration de ces résultats, mentionnons la poursuite de l'hydroxychloroquine tout au long de la grossesse, afin de permettre le maintien de la rémission et l'utilisation de l'aspirine et de l'héparine à faible dose chez les patientes atteintes également d'un syndrome des antiphospholipides (SAPL), une perturbation de l’hémostase courante chez les patientes souffrant de lupus et associée à des fausses couches et des pertes fœtales.
Une maladie dont le pronostic s'améliore
Le lupus érythémateux disséminé (LED) est une maladie systémique d’origine auto-immune qui touche 241 personnes sur 100 000 en Amérique du Nord. Il est principalement diagnostiqué chez des femmes jeunes, en âge de procréer. Il y a des années, on conseillait aux femmes atteintes d’un LED d'éviter d'avoir des enfants en raison des taux élevés de complications, y compris la prééclampsie et l'éclampsie.
Au cours des dernières années, des études ont montré que la grossesse chez les femmes atteintes de lupus comporte un risque maternel et fœtal plus élevé que la grossesse chez les femmes en bonne santé, mais que cela s'améliore. Entre 1960 et 2003, les taux de fausses couches et d'autres type de pertes de grossesse ont diminué de 40% à 17% chez les femmes atteintes de lupus.
Le principal message à retenir de cette étude est que de plus en plus de patientes atteintes de lupus tentent une grossesse, que la plupart des médecins ne s'y opposent pas sous certaines conditions et que ces femmes accouchent de plus en plus à terme d’un enfant sain.








