Pneumologie

Dilatation des bronches : le drainage bronchique est primordial!

La prise en charge de la dilatation des bronches non mucoviscidosiques nécessite des recommandations claires concernant les traitements mucorégulateurs et  le drainage bronchique. Ce dernier serait l’objectif numéro un dans la prise en soins de cette pathologie. D’après un entretien avec Frédéric SCHLEMMER.

  • 27 Novembre 2025
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    Une étude et son éditorial, parus en septembre 2025 dans le New England Journal of Medicine, ainsi que les recommandations de l’ERS parues dans l’European Respiratory Journal, ont cherché à faire le point sur la prise en charge thérapeutique des patients atteints de dilatation des bronches non mucoviscidosique. L’étude est  un essai clinique randomisé mené dans 20 sites au Royaume-Uni. Au total,  288 patients atteints de bronchectasie non kystique avec exacerbations fréquentes ont été répartis en quatre groupes : soins standards seuls, soins standards avec solution saline hypertonique, avec carbocistéine, ou avec une combinaison des deux traitements. Les fumeurs et ceux ayant récemment reçu des traitements muco-actifs ont été exclus. L’objectif principal était de mesurer le nombre d’exacerbations pulmonaires sur 52 semaines. Les critères secondaires incluaient la qualité de vie, le délai avant la prochaine exacerbation et la tolérance des traitements.

     

    Une étude négative mais bien construite

    Le professeur Frédéric SCHLMMMER, pneumologue dans le service de Médecine Intensive et réanimation, de l’hôpital Henri Mondor à Créteil, estime qu’il est suffisamment rare qu’une étude sur la dilatation des bronches non mucoviscidosique dans une grande revue pour qu’elle soit citée, même si ses résultats sont négatifs. Il rappelle que les traitements mucorégulateurs sont souvent proposés mais qu’il existe peu de données sur leur efficacité dans la littérature. Il précise que cette étude est bien construite puisqu’elle a cherché à comparer l’effet de la carbocistéine, du sérum salé hypertonique en nébulisation et de l’association des deux, sur les exacerbations et la qualité de vie. Les résultats ont montré qu’il n’avait aucun bénéfice apporté par la carbocistéine sur le taux d’ exacerbations, à un an. Un discret effet a été observé avec les nébulisations de sérum salé hypertonique mais la différence est non significative. De plus, aucun effet cumulatif n’a été observé dans le bras qui recevait les deux traitements . Les profils de tolérance, notamment des nébulisations était satisfaisants. Frédéric SCHLEMMER souligne que l’éditorial replace bien les résultats dans le contexte, en précisant que l’étude est négative mais limitée par la représentation insuffisante de patients très sévères. La population des patients atteints de dilatation des bronches non mucoviscidosique est très hétérogène et il est difficile de mettre en évidence l’efficacité d’un traitement, y compris pour les antibiotiques inhalés ou encore d’autres traitements à tester, au cours des différents travaux. Le screening préalable pourrait certainement améliorer la précision des résultats. Frédéric SCHLEMMER explique que le traitement mucorégulateur apporte un bénéfice dans l’optimisation du drainage bronchique mais il regrette que ce travail n’apporte pas de précision sur le timing de ce traitement par rapport à la physiothérapie.

     

    Des recommandations de l’ERS bienvenues !

    Frédéric SCHLEMMER explique que les recommandations de l’ERS sont les bienvenues, les dernières datant de 8 ans. Même si elles ont été peu modifiées et qu’il y a encore du travail, cela souligne les efforts qui sont réalisés sur la prise en charge des dilatations des bronches. Globalement, deux messages clés en ressortent. Une recommandation forte est faite sur le caractère primordial de  l’utilisation des techniques de clairance des sécrétions bronchiques, ce qui correspond bien au point de vue des cliniciens. La prise en charge par kinésithérapie respiratoire fait partie des recommandations fortes, même si le niveau de preuve est bas, et il est nécessaire de préciser quelle technique est supérieure à l’autre. Une recommandation conditionnelle  été établie concernant les traitement muco-actifs, le niveau de preuve étant très faible.

     

    En conclusion, le drainage bronchique tient une place de choix dans la prise en charge de la dilatation des bronches mais une approche individualisée, avec un recrutement précis des patients, est nécessaire pour évaluer l’efficacité des traitements sur les symptômes , la qualité de vie et le taux d’exacerbations. Les données qui suggèrent que certains traitements sont efficaces sont dépendantes de chaque type de patient.

     

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