Pneumologie
Asthme sévère : intérêt et sécurité de l’’immunothérapie allergénique encore à démontrer…
L’immunothérapie allergénique chez les patients asthmatiques sévères aurait montré une efficacité et un profil de sécurité acceptables mais dans une étude qui présentent des biais. A confirmer…D’après un entretien avec Alain DIDIER.
Une étude, dont les résultats sont parus en septembre 2025 dans le Journal of Asthma and Allergy, a cherché à démontrer l’efficacité et la sécurité de l’immunothérapie allergénique chez des patients asthmatiques sévères. Il s’agit ‘une étude espagnole rétrospective et multicentrique, ayant inclus des patients atteints d’asthme sévère de plus de 6 ans, sensibilisés à au moins un allergène et ayant reçu une immunothérapie allergénique au cours des 5 années précédentes ou encore en cours. Au total, 93 patients ont été inclus, avec un âge moyen de 40,3 ans et dont 5 avaient moins de 14 ans.
Une définition discutable des asthmatiques sévères
Le professeur Alain DIDIER, pneumologue dans le service de pneumologie et allergologie , au Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse, explique que ce travail présente la curiosité d’aborder le sujet de l’immunothérapie allergénique chez les patients asthmatiques sévères alors qu’elle est contre-indiquée dans toutes les recommandations nationales et internationales. Il précise que ce travail est finalement plus orienté sur la sécurité de cette thérapie que sur son efficacité et relève plusieurs points discutables. Le premier point est la définition des asthmatiques sévères utilisée par les auteurs qui ne l’ont fondée que sur la pression thérapeutique des patients, alors qu’ils sont tous bien contrôlés, avec un niveau d’exacerbation très faible, et seulement 19% des patients recevaient une biothérapie. Ce panel de patients ne reçoit donc pas forcément un niveau thérapeutique pour asthmatique sévère. Les second point de questionnement est que 93 % des sujets ont été traités par immunothérapie allergénique par voie sous-cutanée et seulement 8 d’entre eux par voie orale, ce qui est très loin des pratiques françaises, de même que le type de désensibilisation qui est majoritairement extraite d’allergènes pour chats et chiens, ce que Alin DIDER rappelle ne pas être habituel en France.
Des résultats qui laissent circonspect…
Alain DIDIER souligne, qu’en terme de sécurité, 22% des patients traités par voie sous-cutanée ont présenté des effets secondaires, sachant que la majorité des patients a été traitée par voie sous-cutanée et qu’il est déjà connu que l’immunothérapie allergénique injectable provoque plus d’effets secondaires systémiques que la voie orale. La plupart de ces effets indésirables étaient de grade1 ou 2, un cas a été catégorisé en grade 3 et un cas en grade 4. Toutefois, quatre patients ont nécessité un recours à l’adrénaline. Pour Alain DIDIER, il est impossible de conclure à un profil de sécurité acceptable, et cette pratique doit impérativement être réalisée en milieu sécurisé. Ces résultats sont donc à pondérer. En terme d’efficacité, les auteurs ont utilisé la baisse de la FeNo comme critère principal, puis une amélioration du VEMS chez des patients qui avaient des EFR normales au départ, ce qui ne permet pas de conclure… Le questionnaire de qualité de vie montre une légère tendance à l’amélioration mais n’a pas statiquement été analysé.
En conclusion, ces résultats ne sont pas applicables aux pratiques françaises, d’autant que les auteurs ont eu un important parti pris pour la forme injectable d’immunothérapie allergénique, ce qui est un peu « old school ». Des travaux utilisant la voie orale seraient nécessaires…








