Pneumologie
Cancer du poumon : démarrage du PNEUMOBILE, premier camion de dépistage mobile
Acteurs engagés de longue date dans la prévention des cancers et la lutte contre le tabagisme, les Hospices Civils de Lyon lancent le PNEUMOBILE, le tout premier camion itinérant de dépistage des maladies respiratoires en France.

Inauguré le 12 juin 2025 en présence de Yannick Neuder, Ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, le PNEUMOBILE partira à la rencontre des populations éligibles au dépistage à travers la région. Son objectif est de repousser les limites psychosociales , de sensibiliser la population aux risques liés aux maladies respiratoires, notamment le tabagisme, et surtout de promouvoir un dépistage précoce du cancer du poumon grâce à un scanner à faible dose. Ce dispositif innovant s’inscrit dans le cadre des expérimentations nationales visant à améliorer le dépistage du cancer du poumon et à en réduire la mortalité.
Entretien avec le professeur Sébastien COURAUD, chef du service de Pneumologie de l’Hôpital Lyon Sud et pilote de ce projet
Qu’est-ce qui a motivé sa création et quels besoins spécifiques cherche-t-il à répondre ?
Le dispositif du PNEUMOBILE a été inspiré d’un projet anglais, qui s’est développé à Manchester et qui a bien fonctionné. Ce projet pilote s’est ensuite développé sur l’ensemble du territoire de la Grande-Bretagne et compte aujourd’hui 10 camions, qui couvrent l’ensemble du territoire.
Qui sont les patients éligibles au dispositif ?
Les patients éligibles au dispositif de dépistage par le PNEUMOBILE sont ceux répondant aux critères de dépistage du cancer du poumon, c’est-à-dire, les sujets de 50 à 75 ans , fumeurs actifs, fumeurs ayant consommé plus de 10 cigarettes par jour pendant au moins 30 ans ou 15 cigarettes par jour pendant 25 ans, ou encore les fumeurs sevrés depuis moins de10 ans ou moins de 15 an avec une consommation d’au moins 30 paquets-années.
Comment le dépistage, via le PNEUMOBILE, se déroule-t-il en pratique ?
En pratique, l’équipe propose au territoire d’accueillir le PNEUMOBILE, via les CPTS, la médecine du travail, les mairies, les événements communaux ou encore les centres pénitentiaires et les casernes de pompiers. Ces acteurs contactent l’équipe, une mission est programmée puis l’information de la venue du camion est diffusée, afin que les médecins et les soignants présélectionnent les patients en fonction des critères de dépistage. La liste des participants est inscrite sur un agenda en ligne. Quelques patients peuvent également venir librement en fonction de l’activité organisée.
Et une fois dans le camion ?
Quatre professionnels paramédicaux sillonnent la région dans le PNEUMOBILE : un agent d’accueil logistique, de formation aide-soignant, un manipulateur radio et deux IDE formées en tabacologie, visites de prévention et spirométrie. Il n’y a pas de médecin embarqué. Le radiologue lit le scanner à distance et le pneumologue prend connaissance des résultats également à distance. Le patient va donc bénéficier d’un scanner thoracique, d’une consultation en tabacologie et d’une évaluation cardiovasculaire et de la fonction respiratoire, avec des actions de prévention globales sur les maladies respiratoires.
Quelles sont les sources de financement actuelles du PNEUMOBILE?
Le financement du PNEUMOBILE et assuré par un conglomérat, dont les collectivités territoriales, le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, de l’Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes et de l’Union Européenne (via le projet SOLACE) . Des partenaires privés, associations de patients et le comité départemental des maladies chroniques participent également au financement du PNEUMOBILE.
Quelles sont les perspectives de développement du dispositif?
La première session de dépistage du PNEUMOBILE a eu lieu le 17 juin. Auparavant, quelques patients ont déjà eu l’opportunité de tester le dispositif. Les professionnels envisagent de recevoir environ 7 patients sur la journée, après une période de rodage. Le PNEUMOBILE se développe dans un premier temps sur le périmètre de la région Rhône-Alpes, ce qui couvre un territoire qui s’étend de l’Auvergne aux frontières suisse et italien. Les professionnels ne s’interdisent pas d’aller au-delà de ce territoire, sur demande des collectivités locales et en fonction de la faisabilité.