Pneumologie
La place du mepolizumab dans la BPCO se précise doucement
Le mepolizumab, désormais largement utilisé dans l’asthme, permettrait de diminuer le nombre d’exacerbations annuelles de certains profils de patients atteints de BPCO. Cela représente une belle perspective d’avoir une seconde biothérapie disponible dans la BPCO. D’après un entretien avec Nicolas ROCHE.

Une étude, dont les résultats sont parus dans le New England Journal of Medicine, en mai 2025, a cherché à démontrer l’efficacité du mepolizumab sur a réduction du nombre d’exacerbations annuelles chez des patients atteints de BPCO, de phénotype éosinophilique (plus de 300 éosinophiles par microlitre). Il s’agit d’un essai de phase 3, randomisé en double aveugle, ayant inclus 804 patients, séparés en deux bras. Un premier bras de 403 patients a reçu du mépolizumab par voie sous cutanée à la dose de 100 mg toutes les 4 semaines, et le second groupe de 401 patients a reçu un placebo, pendant 52 à 104 semaines. Tous les patients étaient exacerbateurs fréquents et avaient déjà un triple traitement inhalé. Le critère principal de jugement était le nombre d’exacerbations annuelles modérées ou graves. Les critères secondaires étaient l’évaluation de la fonction respiratoire, des symptômes cliniques et de la qualité de vie.
Pourquoi cet essai de phase 3 ?
Le professeur Nicolas ROCHE, chef du service de Pneumologie de l’Hôpital Cochin à Paris, rappelle que le mepolizumab est déjà utilisé dans l’asthme depuis longtemps et que la cible des patients BPCO seraient les patients de phénotype éosinophilique pusiqu’il s’agit d’un ant-IL5. L’objectif principal est de diminuer le nombre d’exacerbations annuelles de ces exacerbateurs fréquents. Nicolas ROCHE précise que, jusque-là, seul le dupilumab est la seule biothérapie à avoir l’autorisation de mise sur le marché en Europe dans le traitement de la BPCO, avec des recommandations de la Haute Autorité de Santé pour le remboursement mais la discussion du prix est toujours en cours. Il explique que cet essai de phase 3 sur le mepolizumab fait suite à deux essais de phase 2, réalisés chez des patients hyperéosinophiliques ou non, qui avaient tous deux rapportés des résultats négatifs sur l’objectif principal mais qui avaient laisser entrevoir un effet positif chez les patients hyperéosinophiliques, ce qui a motivé la réalisation de cet essai de phase 3. Les résultats ont montré une diminution du taux annuel d’exacerbations modérées à sévères de 21% chez les patients traités par mepolizumab. Il s’agit d’une réduction relative par rapport au patients sous placebo mas qui permet de dire que l’objectif est atteint.
Une nécessité de bien définir la population cible
Nicolas ROCHE, malgré la positivité des résultats sur l’exacerbation, est surpris d’observer l’absence d’effet significatif du mepolizumab sur les critères secondaires, comme la symptomatologie ou la fonction respiratoire, contrairement aux essais réalisés avec le dupilumab. Il émet plusieurs hypothèses pour expliquer ce résultat, comme la différence entre les populations des deux essais ou encore la différence entre les deux molécules. Pour Nicolas ROCHE, des analyses en sous-groupes, qui sont déjà en cours, sont nécessaires pour bien définir la population cible mais rien, à ce jour, ne permet encore d’expliquer formellement ce résultat.
En conclusion, la perspective d’avoir une seconde biothérapie disponible pour le traitement des patients atteints de BPCO est possible mais des analyses complémentaires sont nécessaires avant d’obtenir un avis formel des autorités pour une autorisation de mise sur le marché. Cet essai de phase 3 est intéressant mais encore incomplet car la question sur l’absence de modification de la fonction respiratoire n’a pas encore de réponse…