Pneumologie
La demi-dose d’apixaban suffit à prévenir la récidive thromboembolique au cours du cancer
L'extension d'anticoagulation par apixaban à demi-dose est efficace pour prévenir les récidives de maladie thrombo-embolique veineuse en cas de cancer actif, ce qui permet de gagner en sécurité puisque cette demi-dose permet une réduction significative des accidents hémorragiques. D’après un entretien avec Olivier SANCHEZ.

Une étude ainsi que son éditorial, dont les résultats sont parus en mai 2025, dans le New England Journal of Medicine, a cherché à évaluer l’efficacité et la sécurité du traitement par apixaban à demi-dose, au-delà du sixième mois, dans la prévention des récidives thrombo-emboliques chez ls patients atteints de cancers. Il s’agit d’une étude randomisée, en double aveugle, ayant inclus environ 1800 sujets, issus de 121 centre, dans 11 pays. Les patients, tous atteints d’un cancer, avaient déjà présenté une thrombose veineuse profonde, à type d’embolie pulmonaire dans la majorité des cas et de phlébite dans 25 % des cas. Un tiers des événements thrombo-emboliques étaient asymptomatiques et de découverte fortuite. L’âge moyen était de 67 ans et les principaux cancers étaient mammaires, colo-rectaux, gynécologiques ou bronchiques. Les maladies étaient évoluées puisque deux tiers des patients étaient porteurs de métastases. La moitié des patients a reçu 2,5 mg d’apixaban deux fois par jour pendant 12 mois et l’autre moitié a reçu 5mg d’apixaban deux fois par jour pendant 12 mois également. Tous les patients avaient déjà bénéficié d’au moins 6 mois d’anticoagulation, soient par voie orale soit par HBPM. Les événements thrombo-emboliques ont ensuite été relevés, ainsi que les événement hémorragiques.
Des données au-delà de 6 mois d’anticoagulation sont très pertinentes
Le professeur Olivier SANCHEZ, chef du service de Pneumologie et Soins Intensifs, de l’Hôpital Européen Georges Pompidou, à Paris, et auteur de ce travail explique que ce travail est un essai majeur car jusque-là, il n’existait pas de données au-delà de 6 mois de traitement anticoagulant en prévention des récidives thrombo-emboliques veineuses chez les patients atteints de cancer. De nombreux essais randomisés avait apporté des éléments de preuve au cours des 6 premiers de traitement et il s’avère très pertinent d’obtenir des données au-delà, car les patients atteints de cancer osent à risque de thrombose veineuse profonde et il est nécessaire de poursuivre l’anticoagulation tant que le cancer est actif. Les nouveaux traitements anti-cancéreux allongent la survie des patients et impliquent donc une anticoagulation très prolongée. Cependant, ces patients sont également à risque d’événements hémorragiques majeurs. C’est pourquoi, cette étude, randomisée, en double aveugle, à la méthodologie rigoureuse et robuste, et ayant inclus une large population de patients, permet d’obtenir des données précises sur la balance bénéfice/risque de l’anticoagulation prolongée des patients cancéreux à risque de récidive thrombo-embolique veineuse.
Une étude qui va changer la donne
Olivier SANCHEZ souligne que la population de patients incluse dans cette étude a été très bien phénotypée, ce qui rend les résultats très solides. Ceux-ci sont positifs en démontrant la non infériorité de la dose réduite d’apixaban en efficacité de prévention des récidives thrombo-emboliques veineuses à 12 mois. De plus, une supériorité de ce schéma de traitement a été démontrée avec une réduction du nombre de complications hémorragiques cliniquement significatives. On gagne donc sur les complication sans perdre en efficacité puisque les hémorragies cliniquement relevantes ont diminué de 25%, ce qui est très significatif. Olivier SNACHEZ précise qu’en ce qui concerne les hémorragies majeures, avec déglobulisation, la tendance est également à la réduction. Concernant la mortalité, celle-ci est comparable dans les deux bras. Ainsi, cette étude va probablement modifier les recommandations puisque la balance bénéfice/risque est favorable : pas de perte en efficacité avec gain de sécurité. Oliver SANCHEZ conclue donc que, pour cette population à risque de récidive thrombose veineuse profonde, chez qui l’indication de l’anticoagulation préventive est non discutable, il est possible de proposer un traitement par apixaban à demi-dose au-delà de 6 mois.
En conclusion, la prévention de la récidive de la maladie thromboembolique veineuse chez les patients atteints de cancer peut désormais être réalisée par un traitement à par apixaban à demi-dose, ce qui leur apporte efficacité et sécurité. Des résultats qui vont aboutir sans aucun doute à de nouvelles recommandations…