Pneumologie

Impact de la testostérone sur le VEMS : des nouveautés pour les deux sexes

 Les taux de testostérone plus élevés sont associés à un VEMS supérieur dans les deux sexes. Des travaux se sont penchés sur le rôle de la testostérone dans le déclin de la fonction respiratoire,  notamment à la ménopause et ont apporté quelques éléments de réponse. D’après un entretien avec Chantal RAHERISON.

  • 02 Mai 2024
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     Une étude, dont les résultats sont parus en mars 2024 dans Thorax, a cherché à évaluer l’effet de la testostérone sur la fonction respiratoire des hommes et de femmes. Il s’agit d’une étude britannique, pour laquelle les auteurs ont utilisé les données de la UK BioBank. Ils ont évalué l’effet de la testostérone sur le VEMS et sur la CVF et réalisé des sous- groupes en fonction de l’obésité de l’état ménopausique ou encore de l’activité physique. Les auteurs ont utilisé une randomisation mendélienne multivariable pour limiter les biais liés aux effets d’autres facteurs indépendants sur la fonction pulmonaire. Les résultats ont  montré une amélioration de la fonction respiratoire chez les hommes et chez les femmes, avec un impact encore plus important chez les hommes obèses et plus âgés.

     

    Un sujet qui suscite l’intérêt depuis longtemps

    Le professeur Chantal RAHERISON, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Pointe-à-Pitre et présidente de la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF), explique que l’effet de la testostérone sur le VEMS est un sujet qui n’est pas nouveau et qui a déjà suscité de nombreuses hypothèses et articles, et qui est étudié par un groupe de tavil dédié de la SPLF. Elle rappelle que jusque-là, l’attention s’était polarisée sur l’impact des œstrogènes et de la progestérone sur l’appareil respiratoire et sur les récepteurs hormonaux, sans avoir cherché à expliquer le déclin de la fonction respiratoire à la ménopause. Cette étude s’est donc focalisée sur l’évaluation de l’effet bénéfique de l testostérone sur le VEMS et la CVF chez l’homme et, dans une moindre mesure, chez la femme. Toutefois, Chantal RAHERISON souligne que la durée de suivi des patients n’est pas assez longue et que l’on devrait prendre ne compte la notion de trajectoire respiratoire,  le fait que certains individus sont très en dessous des normes respiratoires dès leur plus jeune âge et que de multiples facteurs peuvent expliquer l’aggravation du déclin respiratoire.

     

    Un impact de la testostérone plus important que prévu

    Chantal RAHERISON précise que l’impact de la testostérone sur la fonction respiratoire est  beaucoup plus important que ce que l’on pensait et ce, dans les deux sexes.  Elle suggère la réalisation d’un essai randomisé versus placebo et d’une étude de cohorte pour savoir à quel moment la testostérone agis sur la fonction respiratoire. Un second travail, paru, dans Thorax, s’est penché sur le mécanisme d’action de la testostérone en évoquent des poumons plus volumineux , un déclin plus lent ou une combinaison des deux phénomènes. Chantal RAHERISON insiste sur l’intérêt de ces travaux  qui viennent déjà partiellement répondre  certaines questions et en provoquer d’autres….

     

    En conclusion, la testostérone a un effet sur la fonction respiratoire des hommes et des femmes et sa chute pourrait avoir un rôle dans le déclin de la fonction respiratoire à la ménopause. Le mécanisme nécessite encore des éclaircissements, par des études randomisées versus placebo et des éludes de cohorte mais quelques réponses sont déjà apportées.

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    JDF