Pneumologie

L'asthme ne serait pas un facteur de risque de maladie coronarienne.

L’asthme ne constituerait pas un facteur de risque de maladie coronarienne, contrairement à ce qu’ont prouvé des études antérieures, qui auraient pu souffrir de biais méthodologiques. Une étude anglaise, évaluant une très volumineuse cohorte, issue de la UK Biobank apporte des résultats formels, qui excluent également l’influence du sexe sur le risque de maladie coronarienne. D’après un entretien avec Pascal CHANEZ.


 

  • 11 Jan 2024
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    Une étude, dont les résultats sont parus dans l’European Respiratory Journal en décembre 2023, a démontré que l’asthme ne constituait pas un facteur de risque de maladie coronarienne. Il s’agit d’une étude observationnelle réalisée à partir de la base de donnée britannique (UK Biobank). Les auteurs sont partis du postulat que les études antérieures montrant que l’asthme pouvait représenter un facteur de risque de maladie coronarienne souffraient de limites méthodologiques et ils ont utilisé une méthode avec approche triangulaire, en faisant correspondre les patients asthmatiques avec  la population générale en fonction, de l’âge, du sexe, et du comportement en matière de consommation des soins médicaux. Ils ont ensuite mesuré l’association entre l’incidence de la maladie coronarienne et l’asthme en fonction de différents critères tels que le tabagisme, l’indice de masse corporelle, la consommation médicamenteuse… Enfin, ils ont estimé l’impact de l’asthme sur la coronaropathie par une méta-analyse, à l’aide de polymorphismes mononucléotidiques.

     

     

     

    Aucun point commun entre les traits de l’asthme et de la maladie coronarienne

     

    Le professeur Pascal CHANEZ, chef du service de la clinique des bronches, de l’allergie et du sommeil, à l’Hôpital Nord de Marseille, précise qu’il n’existe pas de point commun entre les traits liées aux maladies coronariennes et l’asthme. Les résultats de ce travail ont montré que l’asthme était associé à une augmentation de 6% du risque de coronaropathie mais l’affinement des données en tenant compte des comportements en soins de santé, a montré qu’il n’existait, en réalité, aucune association entre l’asthme et la coronaropathie, pas plus qu’un impact lié au sexe. Pascal CHANEZ souligne que même lorsque les patients asthmatiques reçoivent des bronchodilatateurs, la maladie coronarienne n’est pas pour autant augmentée et il n’existe aucune preuve que cela constitue un facteur de risque cardiovasculaire.

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    Pas de scoop !

     

    Pascal CHANEZ souligne que l’intérêt de ce travail réside surtout dans le volume de la cohorte (plus d’un million et demi de sujets) et dans la stratégie d’utiliser des données de vraie vie issues de la base de donnée de la CNAM et une base génétique. Il précise, toutefois, que les résultats n’apportent pas d’élément nouveau, puisqu’il était connu depuis longtemps que l’asthme ne constituait pas un facteur de risque de maladie coronarienne. Les auteurs de ce travail estiment que les études antérieures qui démontrent le contraire ont souffert de biais de détection, entre autres. Pascal CHANEZ ajoute, que compte tenu de a fréquence de l’asthme et des maladies cornariennes, si l’un était facteur de risque de l’autre, cela se saurait !

     

    En conclusion, les résultats de cette étude viennent confirmer l’hypothèse déjà connue que l’asthme ne constitue par un facteur de risque de maladie coronarienne et que le sexe n’a pas plus d’impact sur ce risque. Des biais méthodologiques auraient été à l’origine de certaines fausses croyances…

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    JDF