Le bénéfice de la réadaptation respiratoire pour les patients atteints de BPCO n’est plus à prouver mais les critères d’évaluation de son efficacité sont encore flous et non consensuels. Une initiative intéressante a permis de mettre en lumière certains critères mais un travail de précision reste à faire, notamment sur les tests à réaliser. D’après un entretien avec Frédéric COSTES.

Une étude, dont les résultats sont parus en octobre 2023 dans  Thorax, a cherché à élaborer un consensus de critères d’évaluation pour la réadaptation respiratoire des patients atteints de BPCO. Pour cela, les auteurs d’abord fait une méta-analyse puis ils ont utilisé la méthode Delphi pour élaborer un sondage en deux tours  et en sept langues ,aux USA, en Amérique du Sud, en Australie, en Inde et en Europe. Au total, 300 participants ont répondu . La moitié d’ente eux étaient des kinésithérapeutes, 25% étaient des médecins et les autres étaient des associations de patients et des responsables  administratifs de programmes de réadaptation respiratoire. Parmi les répondeurs, 70 étaient atteints de BPCO ou étaient aidants.

Neuf critères pour donner un cadre d’évaluation aux programmes

Le professeur Frédéric COSTES, chef du service de Médecine du Sport et des Explorations Fonctionnelles, du Centre Hospitalier Universitaire de Clermont Ferrand, rappelle que plusieurs méta-analyses avaient été réalisées pour évaluer l’efficacité de la réadaptation respiratoire mais sans grande puissance car un grand nombre de critères d’évaluation très variés en étaient ressortis. Il explique que les auteurs ont réalisé deux tours de sondage, avec une méthodologie robuste  pour trouver des critères précis, dont 6 sont ressortis : la dyspnée, la capacité d’exercice physique, l’asthénie, la qualité de vie, l’impact de la maladie sur l’état de santé général, et la fonction musculaire. L’interrogatoire mené auprès de kinésithérapeutes et d’une représentante d’une association d patients, très active, a ajouté trois critères : la modification du comportement en rapport avec la maladie, la connaissance de la maladie et les objectifs personnels. Frédéric COSTES souligne que l’objectif de donner un cadre d’évaluation aux programmes de réadaptation pulmonaire est essentiel pour harmoniser l’évaluation et mesurer l’efficacité des programmes. Parmi ces neuf critères, trois donnent lieu à une évaluation physique  et les six autres à l’impact sur la qualité de vie, ce qui est d’une grande importance pour les patients.

Une initiative intéressante mais avec des limites

Frédéric COSTES salue l’intérêt de cette initiative mais il en souligne quelques limites. En effet, pour chaque critère, il n’est jamais précisé quel test permet , en pratique de valider ce critère. Par exemple, pour le critère sur l’activité physique, est-ce le test de marche de 6 minutes ? la capacité maximale d’effort ?. Frédéric COSTES explique que, de ce fait, si on réalise une méta analyse, la variabilité des critères n’en sera pas diminuée. Un second travail à suivre est donc nécessaire pour établir quel test doit être réalisé pour chaque item,  ce qui permettrait de rendre ces résultats plus consensuels. D’autre part, il est surpris que la dépression n’ait pas été évoquée, alors qu’elle est améliorée par la réadaptation pulmonaire. Frédéric COSTES relève des divergences entre les réponses des patients et des professionnels de santé, qui ont exclu la capacité respiratoire, sachant qu’elle n’en sera pas modifiée, alors que c’est un critère qui revient de façon récurrente chez les patients interrogés. Les avis partagés sont intéressants mais les niveaux de connaissance divergent. Enfin, il fait part d’un dernier écueil qu’est l’opposabilité par les financeurs au remboursement si un centre « n’obéit » pas à l’évaluation de la qualité des programmes.

En conclusion, ce travail représente une première étape pour évaluer précisément l’efficacité de la réadaptation respiratoire, proposée aux patients atteints de BPCO. Un second travail est nécessaire pour instaurer les tests nécessaires à chaque critère et proposer  un consensus de critères solides à la fois aux patients et aux professionnels de santé.