Pneumologie

Asthme sévère : les éosinophiles des expectorations prédisent les super-répondeurs aux anti-IL5

Mesurer les éosinophiles dans les expectorations permet de prédire les super-répondeurs aux anti-IL5, en évaluant l’inflammation éosinophile des voies aériennes. Toutefois cette analyse biologique complexe reste peu répandue et sous-utilisée. D’après un entretien avec Renaud LOUIS.

  • 05 Oct 2023
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    Une étude, dont les résultats sont parus dans Thorax, en septembre 2023, a cherché à déterminer comment prédire quels sujet asthmatiques sévères seront de super-répondeurs au traitement par anti-IL5. Les auteurs sont partis de l’observation qu’il existe une grande variabilité de la réponse clinique aux traitements biologiques chez les patients asthmatiques. Ils ont donc évalué le rôle des éosinophiles dans les expectorations pour identifier les super-répondeurs au mépolizumab et au benralizumab. Pour cela, ils ont utilisé la technique d’expectoration induite pour mesurer l’inflammation éosinophile des voies aériennes et ont ensuite évalué la fonction pulmonaire, le contrôle de l’asthme, la prise de corticoïdes oraux et le nombre d’exacerbations des patients asthmatiques éosinophiles sévères , donc candidats aux traitements biologiques.

     

    L’inflammation éosinophile des voies aériennes est prédictive

    Le professeur Renaud LOUIS, chef du service de pneumologie et allergologie du Centre Hospitalier Universitaire de Liège, et auteur de ce travail, rappelle que la prédiction de la réponse aux anti-IL-5 des patients asthmatiques sévères fait débat et que  l’on sait déjà que le taux sanguin d’éosinophilie  permet de prédire l’efficacité des traitements  biologiques de l’asthme  dans la réduction du nombre d’exacerbations. Il explique que, désormais c’est le concept de « rémission » qui est intéressant, notamment pour définir les super-répondeurs. Ce concept inclut à la fois la diminution des exacerbations mais également le contrôle de l’asthme au quotidien. Renaud LOUIS précise, au terme de cette étude, que c’est le degré d’inflammation éosinophile dans les voies aériennes qui est l’élément qui prédit le mieux la réponse aux anti-IL5. Le NO exhalé est moins efficace dans ce rôle. Il souligne que peu de centres réalisent l’analyse des expectorations pour évaluer l’inflammation éosinophile des voies aériennes.

     

    Une technique peu répandue

    Renaud LOUIS rappelle que l’analyse des expectorations est peu réalisée et un nombre restreint de centres la pratiquent. En effet, cette technique, élaborée dans les années 90, demande une expertise du laboratoire et est non remboursée. Il explique que l’induction de l’expectoration est simple et réalisée en quelques minutes mais qu’ensuite le produit d’expectoration doit être transformé, afin de le rendre liquide, ce qui représente une technique complexe et longue (environ deux heures). Renaud LOUIS précise qu’au Centre Hospitalier de liège, tous les patients asthmatiques sévères chez qui un traitement biologique est envisagé, bénéficient d’une analyse des expectorations pour évaluer la réponse prédictive aux anti-IL5, en fonction de l’inflammation éosinophile des voies aériennes. Le taux normal d’éosinophiles dans l’expectoration d’un adulte sain est de 3%. Pour bénéficier d’un traitement anti-il5, ls asthmatiques ont un taux supérieur à 3% mais les super -répondeurs ont un taux d’éosinophile dans les expectorations supérieur à 38%.

     

    En conclusion, l’inflammation éosinophile des voies aériennes est le meilleur prédicteur de la réponse aux anti-IL5 chez l’asthmatique sévère. Les super-répondeurs, qui auront moins d’exacerbations et un meilleur contrôle de leur asthme au quotidien, ont un taux d’éosinophile dans les expectorations largement supérieur à la moyenne.  La technique pour déceler ces super-répondeurs est malheureusement complexe, coûteuse et donc peu répandue.

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    JDF