Pneumologie

BPCO : pas d’efficacité de la corticothérapie en ambulatoire lors de exacerbations

 La corticothérapie systémique ne fait pas mieux que le placebo dans les exacerbations de BPCO ambulatoires. Une première étude réalisée auprès des médecins de ville a démontré ces résultats qui vont certainement inverser la tendance. D’après un entretien avec Nicolas ROCHE.

  • 05 Oct 2023
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    Une étude, dont les résultats sont parus en septembre 2023, dans l’European Respiratory Journal, a fait le point sur l’efficacité de la corticothérapie orale dans le traitement des exacerbations de BPCO en ambulatoire. Pour cela, les auteurs de ce travail se sont rapprochés des médecins généralistes pour conduire un essai randomisé. Au total, 175 patients ont été inclus. Ces patients étaient attient d’une BPCO soit avérée soit présumée. Ils avaient tous plus de 40 ans (majoritairement entre 60 et 65 ans) et étaient à plus de 10 paquets-années de tabagisme actif. Les sujets étaient à prédominance masculine et plutôt essoufflés. Pour les sujets ayant une BPCO connue, la majorité d’entre eux étaient au stade 2 ou 3. Il n’y avait aucun malade très sévère ni très léger. Un groupe de patients a reçu 40 mg de prednisone par voie orale pendant 5 jours et l’autre groupe a reçu un placebo, alors qu’ils déclaraient une exacerbation sans nécessité initiale d’être hospitalisés. Le critère d’évaluation principal était l’échec du traitement menant soit à une hospitalisation , soit à un traitement supplémentaire non prévu, soit au décès du patient.

     

    Enfin une étude sur la prise en charge ambulatoire

    Le professeur Nicolas ROCHE, chef du service de pneumologie de l’hôpital Cochin à Paris, et auteur de ce travail, explique  que très peu d’études se sont penchées sur la prise en charge des exacerbations de BPCO en ville et l’intérêt de la corticothérapie systémique alors que la majorité de ces exacerbations sont traitées en ambulatoire. Sur l’ensemble des études réalisées sur le sujet, moins de 800 patients ont été inclus et quasiment aucun en ambulatoire, la plupart étant hospitalisés ou pris en charge par les services d’urgences. Nicolas ROCHE précise que réaliser une étude auprès de médecins généralistes est une démarche complexe en raison des incertitudes sur le nombre de diagnostic réel de BPCO, puisqu’au moins deux tiers des patients atteints de BPCO ne sont pas diagnostiqués, et les exacerbations ne sont donc pas identifiées comme telles. Au cours de cette étude, l’originalité réside dans le fait que les auteurs ont tenu compte de ce paramètre et ont inclus des patients qui développaient une exacerbation même sans diagnostic de certitude d’une BPCO. La présomption était menée uniquement sur la présence d »une dyspnée. AU départ, environ 200 patients par groupe étaient attendus mais même si le nombre d’inclusions est inférieur à la moitié, les résultats ont permis de tirer des conclusions.

     

    Des résultats qui suscitent la réflexion

    Nicolas ROCHE explique que les résultats de ce travail ont montré l’absence d’effet bénéfique du traitement par prednisone au cours des exacerbations de BPCO en ambulatoire. Le taux d’échec dans le groupe des patients traités éteint à 42% à 8 semaines versus 35% pour le groupe placebo, ce qui ne constitue pas une différence significative. La tendance s’inverse donc. Nicolas ROCHE souligne que l’autre surprise a été de constater que, même en renseignant les patients qui avaient un diagnostic de certitude de BPCO (61 patients), les résultats étaient les mêmes (51% d’échec avec un traitement par prednisone)De plus, cela confirme le sous-diagnostic de la maladie. Ainsi, cette étude, qui est la plus volumineuse réalisée en ambulatoire,  aucune preuve d’une effet positif de la prednisone dans les exacerbations de BPCO n’a été apportée et les résultats se rapprochent plus d’un effet négatif. Pour Nicolas ROCHE, cette inversion de tendance est surprenante, d’autant, qu’en dose annuelle cumulée ls effets secondaires systémiques de la corticothérapie ne sont pas anodins. Selon lui, augmenter la taille d l’étude n’aurait pas modifié les résultats.

     

    En conclusion, même si tous les patients n’avaient pas un diagnostic de certitude de BPCO, l’échantillon étudié correspond à la vraie vie. La corticothérapie systémique en traitement ambulatoire des exacerbations de BPCO n’est pas efficace et même délétère en raison des doses cumulées. Un mode de pensée à revoir…

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    JDF