Pneumologie

PID : peu d’intérêt de la morphine LP sur la dyspnée

L’efficacité majeure de la  morphine à libération prolongée  sur la dyspnée chronique associée  aux pneumopathies interstitielles  diffuses n’a pas été démontrée. Les patients sont parfois réticents à prendre des opiacés et les effets indésirables sont souvent supérieurs aux effets bénéfiques.

  • 21 Sep 2023
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    Une étude, dont les résultats sont parus en septembre 2023 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à démontrer l’efficacité de la morphine à libération prolongée à faible dose sur la dyspnée des patients atteints de pneumopathie interstitielle diffuse, réalisée entre 2012 et 2021. Il s’agit d’un essai contrôlé randomisé morphine versus placebo, au cours de laquelle les patients recevaient une dose de 20 mg de morphine LP, soit un placebo, accompagné d’un laxatif, placebo ou non. Les patients ont ensuite rempli un journal matin et soir dans lequel le critère de jugement principal était la variation de l’intensité moyenne de l’essoufflement, qu’ils cotaient grâce à une échelle analogique allant de 0 à 100 au cours des trois derniers jours de traitement. Les critères de jugements secondaires comportaient la qualité  de vie, la qualité du sommeil, l’état fonctionnel, la fréquence respiratoire, la saturation en O2, les effets secondaires et la satisfaction générale du patient.

     

    Un effet modéré sur un échantillon trop faible

    Les patients inclus dans l’étude avaient tous une pneumopathie interstitielle diffuse traitée de façon optimale. Les résultats de cette étude ont été biaisés par des problèmes de recrutement, puisqu’à terme seulement 35 patients ont été éligibles alors que l’objectif attendu était de 90 patients. Les sujets n’ayant pas participé à l’étude ont invoqué plusieurs raisons : la crainte de la prise d’opioïdes, une expérience antérieure d’effets indésirables avec les opioïdes, ou encore l’absence de raison. Huit patients ont abandonné l’étude en raison de nausées importantes, d’une aggravation de leur sensation d’essoufflement, une altération de l’état général ou encore un syndrome coronarien aigu. Au total, seulement 27 participants ont terminé l’étude. L’effet positif de la morphine chez les patients inclus dans le  bras traité ont été faibles à modérés mais la taille de l’échantillon était trop faible pour conclure à une significativité.

     

    Trop d’effets indésirables

    Le taux d’effets indésirables était incontestablement plus élevé dans le groupe de patients ayant reçu de la morphine, ce qui a significativement altéré leur qualité de vie. Les nausées et la confusion ont été les deux principaux effets indésirables constatés, sachant que l’âge moyen des participants était de 78 ans. Ces effets ont été prépondérants sur l’amélioration de la dyspnée ou sur le faible gain d’activité physique de ces patients. Les auteurs n’excluent donc pas une efficacité modérée de la morphine LP sur la dyspnée des patients atteints de pneumopathie interstitielle diffuse mais ils préconisent de réaliser d’autres travaux, sur des échantillons plus volumineux pour obtenir une significativité, qu’elle soit positive ou négative.

     

    En conclusion, le traitement par morphine à libération prolongée dans le but s’améliorer la dyspnée des patients atteints de pneumopathie interstitielle diffuse n’a pas encore fait la preuve de son efficacité et il doit toujours être contre balancé par les effets indésirables bien connus des morphiniques.

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    JDF