Pneumologie

Déficit en alpha-1-antitrypsine : la supplémentation diminue la mortalité

Une étude a démontré que la supplémentation en alpha-1- antitrypsine améliore la survie des patients déficitaires de façon significative, mais sans apporter de modification notable du VEMS, déjà très bas. Ce travail de qualité apporte déjà un véritable espoir, malgré l’absence d’étude randomisée . D’après un entretien avec Jean-François MORNEX.

  • 21 Sep 2023
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    Une étude, dont les résultats sont parus en août 2023, dans l’American Journal of Critical Care Medicine, a cherché à évaluer l’efficacité de la supplémentation intra-veineuse en alpha-1-antitrypsine sur la mortalité et sur les modifications du VEMS chez les patients déficitaires. Il s’ait d’une étude de registre des patients atteints de déficit en alpha-1-antitrypsine sévères, réalisée au sein de trois pays ayant des systèmes de santé similaires : l’Irlande, l’Autriche et la Suisse. Les auteurs ont réussi à inclure un nombre conséquent de patients. Parmi eux, 213 ont bénéficié d’une supplémentation en alpha-1-antitrypsine et 360 n’en ont pas bénéficié. Les auteurs ont ensuite effectué des analyses longitudinales pour évaluer le risque relatif de mortalité et la fonction pulmonaire par le biais des modifications du VEMS, chez tous les patients.

     

     

    Une baisse significative de la mortalité, peu d’action sur le VEMS

     

    Le professeur Jean-François MORNEX, chef du service de Pneumologie de l’Hôpital Louis Pradel de Lyon, explique qu’il s’agit d’une étude très intéressante car elle compare les patients atteints de déficit en alpha-1-atitrypine avec maladie respiratoire, ayant reçu une supplémentation par voie intra-veineuse aux patient n’en ayant pas bénéficié. Un nombre conséquent de malades a été inclus dans cette étude de registre, bien conduite. Il précise qu’une étude analogue a été réalisée aux USA et en Grande-Bretagne mais ses résultats n’ont pas été publiés et elle présente la faiblesse de comparer des patient issus de systèmes de santé différents puisqu’aux USA, les patients ont bénéficié de la supplémentation, ce qui n’a pas été le cas en Grande-Bretagne. Jean-François MORNEX estime que les résultats du travail irlandais, suisse et autrichien  sont d’une grande importance car le risque de mortalité chez le patients ayant été supplémentés a significativement diminué par rapport aux autres, avec un risque relatif de 0,6. D’autre part, il souligne que l’action du traitement intra-veineux substitutif sur le VEMS n’a pas été démontrée, ceci étant probablement dû au très faible niveau initial du VEMS, qui le rend peu modifiable. Le VEMS ne représente donc pas un critère intéressant.

     

     

    Peu de probabilité d’avoir des études randomisées

     

    Jean-François MORNEX souligne qu’il y a peu de chances que des essais randomisés soient réalisés sur ce sujet, car il est difficile de suivre tous ces patient jusqu’à leur décès. Selon lui, on est obligé de se contenter du type d’étude qui est proposé ici mais dont la qualité est suffisante pour apporter un intérêt clinique. Il rappelle qu’une autre étude de registre, plus longue, nommée EARCO, est en cours et apportera bientôt des résultats qui amplifieront ceux de ce travail, sans pour autant être statistiquement plus puissante. Jean-François MORNEX rappelle que la substitution intra-veineuse en alhpa-1-antitrypsine n’est généralement pas approuvée en Irlande, qu’elle l’est en France mais qu’elle n’est appuyée par aucune étude et qu’elle ne le sera probablement pas.

     

     

    En conclusion, cette étude de registre est un travail bien conduit qui apporte un argumentaire intéressant et qui fixe bien le concept de la supplémentation intra-veineuse chez les sujets atteints de déficit en alpha-1-antitrypsine. Il persiste toutefois encore beaucoup de disparités entre les différents pays…

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    JDF