Rhumatologie

Arthrose des doigts : pas d’intérêt démontré de la colchicine sur la douleur

Une nouvelle étude randomisée ne montre pas de bénéfice de la colchicine dans le traitement des formes douloureuses d’arthrose digitale.

  • Jacques Hugo/istock
  • 24 Avr 2023
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    La colchicine a été proposée dans le traitement de l'arthrose, en particulier l’arthrose digitale érosive qui est parfois une maladie à microcristaux d’apatite, mais les études en faveur de son intérêt sont contradictoires.

    Dans une étude publiée dans The Lancet Rheumatology, chez des personnes souffrant d'une arthrose digitale douloureuse (EVA > 40 mm), un traitement par 0,5 mg de colchicine deux fois par jour pendant 12 semaines ne permet pas de soulager la douleur, et ce traitement est associé à un plus grand nombre d'effets indésirables.

    Arthrose des doigts : le soulagement n’atteint pas l’amélioration clinique minimale

    L'évolution moyenne de la douleur des doigts entre le début de l'étude et la 12ème semaine est de -13,9 mm (SE 2,8) dans le groupe colchicine et de -13,5 mm (2,8) dans le groupe placebo, avec une différence entre les groupes (colchicine vs placebo) de -0,4 mm (95% CI -7,6 à 6,7 ; p=0,90), alors que la différence minimale cliniquement efficace pré-spécifiée était de 15 mm.

    Dans le groupe colchicine, 76 événements indésirables ont été observés chez 36 (72%) des 50 participants aecv un événement indésirable grave (crise de migraine entraînant une admission à l'hôpital). Dans le groupe placebo, 42 événements indésirables ont été observés chez 22 (44%) des 50 participants avec deux événements indésirables graves (cholécystite et élévation des concentrations d'alanine aminotransférase, chez le même patient).

    Il manque une étude sur l’arthrose érosive des doigts

    Dans le cadre d'un essai monocentrique, en double aveugle, randomisé et contrôlé versus placebo, des chercheurs danois ont recruté des adultes souffrant d'arthrose symptomatique de la main et d'une douleur aux doigts d'au moins 40 mm sur une échelle visuelle analogique de 100 mm, dans une clinique ambulatoire au Danemark. La main présentant la douleur la plus intense au moment de l'inclusion était la main cible.

    Les participants ont été randomisés entre 2 groupes de traitement 0,5 mg de colchicine et un placebo pris par voie orale deux fois par jour pendant 12 semaines, en fonction de l'IMC (≥30 kg/m2), du sexe et de l'âge (≥75 ans). Les participants, les évaluateurs des résultats et les analystes de données n'ont pas été informés de la répartition des traitements.

    Reste à l'évaluer dans l'arthrose érosive des doigts

    Le critère d'évaluation principal était le changement, entre le début de l'étude et la semaine 12, de la douleur des doigts de la main cible, évaluée sur une échelle visuelle analogique de 100 mm, avec une différence minimale cliniquement importante pré-spécifiée de 15 mm, dans la population en intention de traiter.

    Cette étude, bien que monocentrique, est intéressante mais il manque une meilleure sélection des malades sur une arthrose érosive des doigts, car c’est dans ce cas de figure que des cristaux d’hydroxyapatite ont été rendus responsables des douleurs intenses. La colchicine aurait peut-être été plus efficace dans ce cas de figure, alors qu’elle ne sert visiblement à rien dans les formes douloureuses simples.

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    JDF