Cerveau

Pollution et grossesse : un facteur de risque d'autisme chez l’enfant ?

Une étude canadienne révèle que l'exposition prénatale à certains polluants dans l’atmosphère, comme le sulfate et l'ammonium, augmente le risque d'autisme chez l'enfant. Un signal d’alerte sur l'impact de la pollution de l'air sur le développement du cerveau.

  • Tatsiana Volkava / istock
  • 05 Novembre 2025
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    Dès les premières semaines de la grossesse, l'air que respire une femme enceinte pourrait influencer la santé neurologique de son enfant. C'est ce que suggère une étude canadienne publiée dans JAMA Network Open, impliquant des chercheurs de Santé Canada. En analysant les données de plus de 2 millions d'enfants nés en Ontario sur une période de 20 ans, les chercheurs ont identifié une association entre certaines particules fines en suspension dans l'air et le diagnostic de troubles du spectre de l'autisme (TSA).

    Des particules pas si inoffensives

    Les particules PM2,5 (inférieures à 2,5 microns), capables de pénétrer profondément dans l'organisme, sont déjà connues pour leurs effets nocifs sur la santé, mais cette recherche s'est penchée plus précisément sur leur composition chimique. Les analyses montrent que l'exposition prénatale aux composants spécifiques que sont le sulfate et l'ammonium, en particulier entre les semaines 21 et 36 de grossesse, est associée à une augmentation du risque d'autisme ("hazard ratio" ou HR de 1,11).

    "Les signaux les plus forts étaient liés au sulfate pendant les semaines 23 à 36, et à l'ammonium entre les semaines 21 à 34", soulignent les chercheurs dans un communiqué. Une exposition postnatale à l'ozone, durant la première année de vie, semble également jouer un rôle (HR 1,09).

    Des fenêtres de vulnérabilité in utero

    Le modèle d'exposition utilisé par les chercheurs se fonde sur le code postal de la mère, combiné à des données satellites, des modèles de transport chimique et des mesures des sols. Il a ainsi permis de cibler les périodes les plus critiques du développement fœtal. Ces "fenêtres de sensibilité" s'étendent majoritairement entre la 14e et la 36e semaine de grossesse.

    Les travaux montrent également que les enfants nés en milieu urbain, ceux de sexe masculin, ainsi que ceux issus de quartiers moins favorisés ou à forte proportion de populations racisées ou immigrées, présentent un risque accru. Les chercheurs concluent en appelant à prendre en compte ces résultats dans les politiques de santé publique et de réduction de la pollution atmosphérique.

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