Souvenirs

Un régime trop gras perturbe notre mémoire en quelques jours

Une alimentation riche en graisses peut altérer la mémoire en seulement une semaine, en bloquant le système de nettoyage des neurones, selon une étude. Si les souvenirs immédiats sont préservés, ceux de quelques heures s’effacent.

  • Mukhina1 / istock
  • 19 Septembre 2025
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    Oublier où l’on a posé son téléphone ou ce que l’on devait acheter en rentrant ? Nous mettons souvent cela sur le compte de la fatigue. Mais une équipe japonaise suggère une autre cause : la nutrition. D’après une étude de l’Université de Chiba, publiée dans PLOS Genetics, un régime riche en graisses suffit à perturber la mémoire… en seulement une semaine.

    Des souvenirs qui s’évaporent

    Les chercheurs ont nourri des mouches avec un régime normal ou enrichi en huile de coco (20 % de graisses ajoutées, l’équivalent d’un cinquième des apports caloriques humains). Verdict : pas de prise de poids ni de rétrécissement cérébral, mais un problème de nettoyage cellulaire. "L’autophagie, le système d’entretien et de recyclage des neurones, s’est enrayée", expliquent les auteurs dans un communiqué.

    Résultat, des déchets s’accumulent dans les zones cérébrales liées à la mémoire. En temps normal, des petits sacs appelés autophagosomes collectent ces déchets, puis les fusionnent avec des lysosomes qui les dégradent. Mais ici, la connexion entre les deux a échoué, laissant les neurones encombrés.

    Pour tester les effets, les scientifiques ont entraîné les mouches à éviter des odeurs associées à une petite décharge électrique. Leur mémoire immédiate restait intacte, mais trois heures plus tard, elles avaient oublié. Et le lendemain, leur mémoire à long terme s’était elle aussi effacée. Les chercheurs précisent que ce type de mémoire correspond, chez l’humain, à la capacité de se rappeler une consigne donnée dans la journée ou l’endroit où l’on a posé un objet.

    Quelles leçons pour l’humain ?

    Bonne nouvelle : stimuler le système de nettoyage a suffi à restaurer la mémoire, même sous régime gras. Trois approches ont été testées : désactiver une protéine qui freine l’autophagie (Rubicon), activer une autre qui la favorise (Atg1), ou donner de la rapamycine, un médicament connu pour recycler les déchets cellulaires. Toutes ont fonctionné. Mais trop activer ce mécanisme chez des mouches en bonne santé a paradoxalement dégradé leur mémoire, preuve qu’"un équilibre est essentiel".

    Bien sûr, les mouches ne sont pas des humains. Mais l’étude suggère que nos souvenirs sont bien plus sensibles à l’alimentation qu’on ne le pensait, avec des changements mesurables en quelques jours seulement. Cela pourrait expliquer pourquoi les régimes riches en graisses sont associés au risque d’Alzheimer et de déclin cognitif.

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