Lésions

Foot : faire une tête abime le cerveau ?

Faire une tête au football, afin de contrôler ou passer le ballon, est lié à des altérations du cerveau, selon une nouvelle étude.

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  • 19 Septembre 2025
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    Interdire le jeu de tête pour les enfants ? La question interroge dans le milieu du foot. Et une nouvelle étude montre, en effet, que ce geste technique peut impacter le cerveau… et pas seulement des plus jeunes ou des professionnels.

    Les chercheurs de l'université Columbia à New York ont mis en lumière un lien entre le fait de faire des têtes et des changements dans les plis du cerveau des joueurs amateurs.

    Foot : les joueurs qui font beaucoup de têtes ont plus de changements dans les plis du cerveau

    L’équipe a suivi 352 footballeurs amateurs dont l’âge moyen était de 26 ans et 77 athlètes pratiquant des sports sans contact (âge moyen de 23 ans). À l’aide d’un questionnaire, les scientifiques ont estimé le nombre d’impacts à la tête pour tous les participants. Les joueurs de football ont ensuite été divisés en quatre groupes en fonction du nombre de têtes annuelles : le groupe le plus élevé en fait en moyenne 3.152 têtes par an contre 105 pour le groupe le plus bas.

    Des scanners cérébraux ont également été réalisés, notamment pour examiner la microstructure de la substance blanche juxta-corticale dans les plis du cerveau. Les chercheurs ont profité de l’examen pour examiner comment les molécules d'eau se déplaçaient dans cette zone.

    Ils ont alors constaté que les footballeurs adeptes des têtes présentaient une perturbation beaucoup plus importante dans la microstructure de cette zone du cerveau par rapport à leurs coéquipiers qui en faisaient peu ainsi qu’aux pratiquants de sport sans collision."À mesure que le nombre de "têtes" augmentait, l'organisation du mouvement des molécules d'eau se dégradait, indiquant plus de perturbations et suggérant une aggravation de la microstructure du cerveau", ajoutent les auteurs dans leur communiqué.

    Les volontaires ont aussi passé des tests pour évaluer leurs capacités de réflexion et de mémoire. Résultat : les joueurs ayant de moins bonnes performances aux tests présentaient un mouvement plus désorganisé des molécules d'eau dans cette zone du cerveau, surtout au niveau des plis de la région orbitofrontale (au-dessus des orbites).

    "Notre étude a révélé que les personne subissant davantage d'impacts à la tête présentaient plus de perturbations dans une couche spécifique des replis cérébraux, et que ces perturbations étaient aussi liées à de moins bonnes performances sur les tests de réflexion et de mémoire", explique le Dr Michael L. Lipton, auteur de l’étude.

    Tête au foot et lésion cérébrale : il faut explorer plus en détail cette relation

    "Bien que la pratique du sport présente de nombreux avantages, y compris la réduction possible du risque de déclin cognitif, les impacts répétitifs de la tête des sports de contact comme le football peuvent contrecarrer ces avantages potentiels", prévient Dr Michael L. Lipton.

    Le scientifique précise que ses travaux, publiés dans la revue Neurology, montrent une association, et pas une relation de cause à effet. Il appelle ainsi à la tenue d'études complémentaires. "Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer plus en détail cette relation et développer des approches permettant une détection précoce des traumatismes crâniens liés à la pratique sportive", conclut l'expert.

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