Infarctus du myocarde : les omégas-3 prometteurs à forte dose

Le bénéfice cardiovasculaire de la consommation d'acides gras oméga-3, est évoqué depuis longtemps, mais essentiellement sur des arguments épidémiologiques, et avec des taux de supplémentation relativement modestes. Une étude randomisée, en double-aveugle, démontre son intérêt à forte dose dans le post-infarctus.

Il s’agit d’une étude multicentrique de 6 mois, omégas-3 à forte dose (plus de 4 g/jour) versus placebo, qui a concerné 358 personnes atteintes d’un infarctus aigu, par ailleurs prises en charge selon les recommandations en vigueur. Les auteurs se sont spécifiquement intéressés aux marqueurs du remodelage myocardique, un phénomène qui intervient après l’infarctus et qui compromet son pronostic.

Réduction du remodelage myocardique

A 6 mois, et en analyse en intention de traitement, il apparaît que les malades randomisées dans le groupe omégas-3 à forte dose ont une réduction significative de l’index de volume systolique du ventricule gauche (-5,8% ; p=0.017) et de la fibrose myocardique en dehors de la zone de l’infarctus (-5,6% ; p=0.026).

Par ailleurs, en analyse per-protocole, il apparaît que les malades qui sont dans le quartile de concentration en omégas-3 intra-érythrocytaires le plus élevé ont une réduction de 13% de l’index de volume systolique du ventricule gauche par rapport aux malades du quartile le plus bas.

Enfin, la consommation d’acides omégas-3 est associée également à une réduction des marqueurs de l’inflammation systémique, de l’inflammation vasculaire et de la fibrose myocardique. Aucun effet indésirable n’a été signalé.

Les doses fortes sont efficaces

Le post-infarctus immédiat et le remodelage myocardique restent un des enjeux de la prise en charge de cette maladie. En dépit des progrès du traitement et de l’amélioration du pronostic, le remodelage myocardique reste partiellement une énigme avec des conséquences non négligeables (arythmies cardiaques et mort subite).

Cette étude semble démontrer que des doses beaucoup plus élevées d’omégas-3 que celles des habituellement utilisées (4 g/jour versus 1 g/jour) semblent avoir un impact positif sur l'inflammation et le remodelage myocardique à 6 mois en post-infarctus. Cette action pourrait passer par un effet anti-inflammatoire et antifibrosant sur le myocarde restant, myocarde qui est désormais soumis à des contraintes supérieures (pour compenser le myocarde nécrosé).

Une étude plus large est en cours pour voir si le bénéfice d’une supplémentation en omégas-3 à forte dose dans le post-infarctus se traduit par une amélioration du pronostic, au-delà de la seule réduction du remodelage myocardique.