Chirurgie
Cancers gynécologiques : apport de la chirurgie robotique
La chirurgie robotique s’installe progressivement dans le paysage français. Ses indications s'élargissent chaque jour et ses applications en chirurgie des cancers gynécologiques sont désormais mieux définies.
- oceandigital/istock
Jusqu’à l'avènement de la chirurgie robotique, la chirurgie laparoscopique était considérée comme une option peu invasive pour la chirurgie gynécologique. Désormais, avec cette nouvelle technique, le chirurgien est en mesure de mieux contrôler la caméra et les instruments chirurgicaux. Le Dr Eric Sebban, chirurgien gynécologue et cancérologue, chef de pôle de chirurgie gynécologique à l'hôpital Américain, nous en détaille les avantages en gynécologie.
Quels sont les principes de la chirurgie robotique ?
La chirurgie robotique en oncologie gynécologique est une intervention chirurgicale peu invasive qui présente de nombreux avantages. Le chirurgien contrôle les mouvements du robot en maniant plusieurs bras articulés qui permettent une utilisation extrêmement précise des instruments nécessaires à l'opération. Un autre bras est dédié à la caméra Haute Définition qui permet de suivre le cours de l’opération offrant une visualisation améliorée et agrandie en 3D du champ opératoire.
Introduite en 1999, la chirurgie robotique a été approuvée en 2005 pour le traitement des cancers gynécologiques (utérus et col utérin). Bien que les avantages de cette technologie de pointe soient nombreux, l'expérience du chirurgien reste cruciale au succès d'une intervention de ce type, notamment lorsqu'il s'agit de chirurgies plus complexes, comme celles impliquant un cancer.
À quels types de cancers gynécologiques la chirurgie robotique convient-elle le mieux ?
6 300 nouveaux cas de cancer du corps utérin (endomètre) et 3 000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus sont diagnostiqués chaque année en France. Une majorité de ces femmes ont besoin d'une intervention chirurgicale majeure qui comprend une hystérectomie avec une dissection des ganglions lymphatiques, ce qui est nécessaire pour la classification.
Certaines patientes ont besoin d'une hystérectomie radicale dans le traitement du cancer du col de l'utérus. L’approche traditionnelle consistait à opérer la patiente par incision dans l'abdomen. L’assistance robotique en cœlioscopie offre une vision en 3D et une liberté de mouvement proche de la chirurgie ouverte tout en étant beaucoup moins invasive que la cœlioscopie classique.
Les patientes atteintes d'un cancer du col de l'utérus et de l'ovaire à un stade précoce sont dans la plupart des cas admissibles à une chirurgie robotique.
Les femmes qui subissent une hystérectomie pour des raisons non liées au cancer sont également de bonnes candidates. La grande majorité de ces patientes subissent une chirurgie abdominale ouverte traditionnelle ou une laparotomie (70 à 80 %).
Quels sont les avantages de la chirurgie robotique dans le traitement des cancers gynécologiques ?
La chirurgie robotique peut offrir aux patientes des avantages significatifs par rapport à la chirurgie ouverte traditionnelle : moins de douleurs, moins de perte de sang, moins de cicatrices et un temps de récupération plus court. Les patientes ont une durée d'hospitalisation réduite et un risque global plus faible de complications. Enfin le retour aux activités quotidiennes est plus rapide. En effet, dans les chirurgies ouvertes, les complications sont plus courantes (infections, saignements et risque de transfusion sanguine).
Y a-t-il des risques sérieux ou des effets secondaires de la chirurgie robotique pour les cancers gynécologiques ?
Bien que la chirurgie robotique minimise plutôt les complications, des complications sont cependant possibles. Les patientes devraient discuter de toutes les options et des effets secondaires possibles avec leur médecin.
Quelles sont les limites de la chirurgie robotique par rapport aux autres options chirurgicales pour les cancers gynécologiques ?
Les limites de la chirurgie laparoscopique sont représentées par : un champ de vision limité, des mouvements contre-intuitifs, des degrés de liberté limités pour les instruments chirurgicaux et une ergonomie non optimisée pour le chirurgien. Les chirurgiens ont été lents à adopter son utilisation dans les procédures gynécologiques majeures en raison de ces limites et de la période d'apprentissage longue et compliquée.
Les patientes subissant une chirurgie ouverte (ou laparotomie), ont une incidence plus élevée de complications postopératoires. Dans les chirurgies ouvertes par opposition aux chirurgies robotiques, le besoin d'analgésiques peut être plus important, le séjour à l'hôpital et le retour à la pleine fonction d'une patiente peuvent être plus longs.
La chirurgie robotique restera une option pour les patientes nécessitant une chirurgie pelvienne et abdominale. Il est probable qu'un plus grand nombre de chirurgiens adoptera cette technologie, ce qui améliorera le délai de prise en charge des patientes.
Cet article a été rédigé en collaboration avec le Dr Eric Sebban - chirurgien gynécologue et cancérologue, chef de pôle de chirurgie gynécologique à l'hôpital Américain. Site web: https://www.docteur-eric-sebban.fr/








