Cardiologie
Jeûne intermittent : doutes sur une majoration du risque cardiovasculaire
Selon une étude présentée à l'American Heart Association, et non encore validée, suivre un jeûne intermittent pendant 16 heures sur 24 (16:8), c'est-à-dire limiter la prise des repas sur 8 heures, serait associé à une majoration de 91% du risque de décès cardiovasculaire à long terme.
- Chinnapong/istock
Le jeûne intermittent 16:8 est très populaire, plébiscité entre autres pour la perte de poids et de masse graisseuse qu’il favoriserait. Toutefois, cette pratique, qui consiste à limiter l'alimentation à moins de huit heures par jour (et boire de l'eau le reste du temps), ne serait pas bénéfique sur le long terme pour la santé cardiaque, selon une étude présentée au congrès de l'American Heart Association et qui n'a pas encore été revue.
Les travaux, présentés aux sessions de “l’Epidemiology and Prevention : Lifestyle and Cardiometabolic Health” de l’association qui se tiennent jusqu’au 21 mars à Chicago, montrent que le jeûne intermittent 16:8 serait associé à une majoration de 91 % du risque de décès cardiovasculaire.
Jeûne intermittent : limiter l’alimentation à 8 heures lié à un risque de décès cardiovasculaire
Pour cette étude, les chercheurs ont examiné les dossiers des participants aux enquêtes nationales annuelles sur la santé et la nutrition (NHANES) réalisées entre 2003 et 2018 aux USA, puis ils les ont comparés aux données sur les personnes décédées aux États-Unis, de 2003 à décembre 2019. L’analyse met en évidence que les adeptes du régime intermittent 16:8 présenteraient un risque de décès dû à une maladie cardiovasculaire 91% plus élevé.
Cet effet est aussi observé chez les participants vivant avec une maladie cardiaque ou un cancer. "Parmi les personnes atteintes d'une maladie cardiovasculaire existante, une fenêtre alimentaire allant de 8 à 10 heures par jour est également associée à un risque 66 % plus élevé de décès par maladie cardiaque ou par accident vasculaire cérébral", ajoutent les auteurs.
L'étude assure aisin qu’une alimentation limitée dans le temps, n’a pas réduit le risque global de décès, quelle qu’en soit la cause.
Jeûne intermittent : il faut être conscient de l'association
"Nous avons été surpris de constater que les personnes qui ont une fenêtre alimentaire limitée à 8 heures, étaient plus susceptibles de mourir d’une maladie cardiovasculaire. Même si ce type de régime est populaire en raison de ses avantages potentiels à court terme, nos recherches montrent clairement que, par rapport à une durée de repas typique de 12 à 16 heures par jour, une durée de repas plus courte n'est pas associée à une vie plus longue", explique l'auteur principal de l'étude, Dr Victor Wenze Zhong dans un communiqué.
"Il est crucial que les patients, en particulier ceux souffrant de maladies cardiaques ou d'un cancer, soient conscients de l'association entre une fenêtre de repas de 8 heures et un risque accru de décès d'origine cardiovasculaire." Pour lui, ses travaux encouragent la mise en place d’une approche personnalisée des recommandations alimentaires. Toutefois, il précise : "Bien que l'étude ait identifié une association entre une fenêtre de repas de 8 heures et e décès cardiovasculaire, cela ne signifie pas qu'une alimentation limitée dans le temps entraîne une mort cardiovasculaire."
L'expert reconnaît que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour examiner les mécanismes biologiques qui sous-tendent les associations observées entre la fenêtre alimentaire restreinte et les problèmes cardiovasculaires, et si des résultats similaires sont enregistrés dans des études randomisées.








