Neurologie

Algie vasculaire de la face : les femmes seraient plus impactées que les hommes

Contrairement à ce qui est enseigné, l'algie vasculaire de la face toucherait davantage les femmes que les hommes dans la vie quotidienne.

  • tommaso79/iStock
Mots-clés :
  • 01 Janvier 2023
  • A A

    De 15 minutes à 3 heures, c’est la durée maximale d’une crise de la céphalée de type algie vasculaire de la face (ou céphalée de Horton ou cluster headache). Cette céphalée rare se caractérise par de vifs maux de tête, d’un seul côté, autour de l'œil, souvent accompagnés d’une congestion nasale ou d’un écoulement nasal et parfois d’un affaissement de la paupière, d’un larmoiement et d’un visage rougi.

    Les céphalées, unilatérales et très intenses ("atroces") surviennent en général par crises paroxystiques  ("cluster headache") sur une période de 1 à 3 mois, suivie d’une période de plusieurs mois ou années sans céphalée. Prédominant autour de l'œil, elles sont différentes de la migraine mais peuvent parfois être confondues quand l'algie vasculaire de la face s'étend à la tempe, voires à la machoire supérieure et à l'oreille du même côté.

    Les algies vasculaires de la face sous-diagnostiquées chez les femmes

    La céphalée de l'algie vasculaire de la face a été décrite comme une maladie à prédominance masculine. Mais, d’après deux études publiées dans la revue Neurology, les femmes atteintes par cette pathologie seraient plus touchées que les hommes par les symptômes dans leur vie quotidienne. Les périodes de douleurs seraient ainsi plus longues, plus fréquentes. Elles prendraient aussi plus de médicaments et seraient plus souvent en arrêt maladie pour cette raison. 

    Souvent, l'algie vasculaire de la face est encore mal diagnostiquée chez les femmes, peut-être parce que certains aspects peuvent être similaires à la migraine, explique Andrea Carmine Belin, auteur de ces travaux. Il faut que les médecins soient conscients de la façon dont le trouble se manifeste différemment chez les hommes et les femmes afin que le traitement le plus efficace puisse être administré le plus rapidement possible”. En effet, il y aurait trois à cinq fois plus de diagnostics de cette maladie chez les hommes que chez les femmes. 

    Pour mesurer la différence entre les deux sexes, les chercheurs ont étudié les données de 874 participants atteints d'une algie vasculaire de la face. Ils devaient tous remplir un questionnaire sur leur mode de vie, leurs symptômes et leurs traitements. Ainsi, deux fois plus de femmes avaient la variante chronique de cette maladie, ce qui signifie qu'elles avaient moins de trois mois dans l’année sans symptômes.

    "Les hommes et les femmes rapportent le même niveau de douleur, mais comme les périodes de douleur des femmes ont tendance à durer plus longtemps, leur vie quotidienne est également plus impactée", développe Andrea Carmine Belin.

    Les femmes ont plus de symptômes de l'algie vasculaire de la face

    Les scientifiques ont aussi découvert que les femmes avaient plus de symptômes que les hommes : paupières tombantes (61% contre 47%), agitation (54% contre 46%), troubles du sommeil, crises nocturnes. Enfin, 15% des femmes, contre seulement 7% des hommes, avaient un parent qui souffrait aussi d'une algie vasculaire de la face.

    "Il est difficile de dire ce qui est à l'origine de ces différences, mais ce que nous constatons, c'est que les femmes (...) ont tendance à avoir une variante plus grave de la maladie et qu'il est temps d'arrêter de penser à l'algie vasculaire de la face comme étant à prédominance masculine”, indique Caroline Ran, spécialiste de recherche au Département de neurosciences du Karolinska Institutet.

    Autre différence entre les deux sexes : beaucoup de femmes atteintes d'une algie vasculaire de la face avaient aussi au moins une autre maladie. Ainsi, 96% des femmes parmi les 3.240 patients souffrant d'algie vasculaire de la face en Suède en 2010, avaient au moins une autre pathologie diagnostiquée, contre 90% chez les hommes. Les femmes ont aussi pris plus de jours de congé et partaient davantage en retraite anticipée. 

    "Ce qui est frappant, c'est que presque toutes les femmes souffrant d'algie vasculaire de la face ont une comorbidité, ce qui renforce l'idée que ces femmes souffrent gravement, explique Christina Sjöstrand, l’un des auteurs de l’étude. Nous supposons que cela affecte leur capacité à travailler et il est important pour le bien de l'individu et de la société qu'elles soient aidées sous forme de traitement (...), de suivi et de soutien".

    Pour pouvoir accéder à cette page, vous devez vous connecter.