Oncologie

Cancer du poumon : compréhension des causes chez les non-fumeurs

Chez les non-fumeurs, certaines cellules porteuses de mutations driver peuvent se transformer cancéreuses en présence de polluants atmosphériques.

  • Egor Kulinich/iStock
  • 11 Septembre 2022
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    Le risque de cancer du poumon [dû à la pollution atmosphérique] est certes plus faible que celui lié au tabagisme, mais nous ne contrôlons pas ce que nous respirons, explique le Pr Charles Swanton, principal auteur d’une étude présentée samedi 10 septembre au congrès de la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO) sur le lien entre la pollution atmosphérique et le cancer du poumon chez les non-fumeurs. Nos actions contre le changement climatique, qui passent par la réduction de la pollution, sont intimement liées à notre santé”. Les auteurs ont présenté une suite de démonstrations très convaincantes qui lient le cancer du poumon à la pollution aux micro-particules.

    Ils ont tout dabord établi un lien géographique entre la densité de particules PM2.5 et l'augmentation du risque d'un certain nombre de cancers, en particulier pour la mutation EGFR. Ils ont ensuite conduit des études animales qui montrent que des souris avec mutation EGFR et KRAS ont une augmentation du risque de cancer du poumon en présence d'une pollution aux particules PM2.5. Ils ont enfin, démontré que l'interleukine-1β (IL-1β) joue un rôle clé dans la réponse inflammatoire aux PM2.5, et qu'un blocage de l'IL-1β peut inhiber l'initiation du cancer du poumon.

    250.000 décès par an

    Chaque année, il  y aurait 250.000 décès par cancer du poumon dans le monde à cause de la pollution de l’air liée aux particules fines PM2,5. Il s’agit des particules en suspension dans l’air dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres. 

    Le cancer du poumon touche également les non-fumeurs. Jusqu’à présent, les scientifiques avaient observé ce phénomène dû à la pollution atmosphérique, mais sans pouvoir réellement l’expliquer… C’est désormais chose faite, grâce aux travaux de l’équipe du Pr Charles Swanton. Les chercheurs ont découvert le mécanisme par lequel les polluants atmosphériques provoquent le cancer du poumon chez les non-fumeurs.

    EGFR et KRAS

    Les scientifiques ont donc observé que les particules fines provoquaient des modifications sur deux gènes naturellement présents dans l’organisme, les gènes EGFR et KRAS. S’ils ne sont pas mutés, ces gènes ne provoquent pas de cancer du poumon. 

    Mais, “seules, ces mutations ne suffisent probablement pas pour conduire au cancer, développe le Pr Charles Swanton. Mais lorsque vous exposez une cellule à la pollution, cela stimule probablement une sorte de réaction” inflammatoire, et si “la cellule héberge une mutation, elle formera un cancer”.

    C’est donc la mutation combinée à la réaction inflammatoire - deux phénomènes dus à la pollution atmosphérique - qui déclenchent la transformation tumorale de certaines cellules des voies respiratoires, qui peuvent ainsi devenir des cellules souches cancéreuses. Ce qui sous-entend que les mutations dexistent chez des personnes normales et qu'elles ne sont pas forcément associées à un cancer en l'absence de pollution.

    Démultiplie le potentiel cancérogène

    C’est bien l’exposition aux polluants qui démultiplie leur potentiel cancérogène, avance le Pr Swanton. Il faut un promoteur pour induire le cancer. C’est un modèle qui avait été théorisé dès 1947, mais qui a été négligé. La fumée de cigarette est, bien entendu, également un promoteur. Et il faut s’interroger sur le vapotage”. 

    Selon une étude publiée en 2019 dans la revue European Heart Journal, la pollution de l’air serait responsable de presque 9 millions de morts dans le monde. 

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