Cardiologie
Coronavirus : infection virale des cellules de l’endothélium avec inflammation
Lors de la Covid-19, une infection directe des cellules endothéliales par le virus SARS-CoV-2, associée à une inflammation d’origine immune, aboutit à un dysfonctionnement endothélial diffuse. Cette « endothélite » expliquerait la grande fréquence des complications cardiovasculaires et thromboemboliques. Elle ouvre la voie à des traitements.
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Dans la Covid-19, on s’aperçoit de plus en plus que les complications cardiovasculaires apparaissent être très souvent une menace majeure pour le pronostic de la maladie, au-delà de la seule atteinte pulmonaire qui peut être grave dans 20% des cas et au-delà de la seule thrombose sur inflammation.
Les mécanismes qui sous-tendent l'impact disproportionné de l'infection par le SARS-CoV-2 sur les malades avec des comorbidités cardiovasculaires restent toutefois mal compris, même si l'on a beaucoup parlé du récepteur de l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2).
Importance du récepteur ACE2
Il est maintenant bien établit que le SARS-CoV-2 infecte les cellules de l'épithélium respiratoire de l'hôte en utilisant le récepteur de l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2), qui est exprimé dans plusieurs organes, dont le poumon, le cœur, le rein et les intestins.
Les récepteurs ACE2 sont également exprimés par les cellules endothéliales, mais on ignorait jusqu'à maintenant, si les complications cardio-vasculaires, observées fréquemment au cours de la COVID-19, étaient liées à une atteinte directe des cellules endothéliales par le virus ou pas.
Une endothélite
Une étude montre la présence d'éléments viraux dans les cellules endothéliales de 3 malades. Cette présence est associée à une accumulation de cellules inflammatoires, et les chercheurs établissent l’existence d’une mort cellulaire endothéliale d'origine inflammatoire.
Ces résultats suggèrent que l'infection par le SARS-CoV-2 favoriserait le déclenchement d'une inflammation de l’endothélium, ou « endothélite », dans plusieurs organes et que ce serait une conséquence directe de l’infection virale (présence de particules virales dans les cellules endothéliales) et de la réponse inflammatoire de l'hôte.
En outre, une apoptose et une pyroptose pourrait être également induites et jouer un rôle important dans l'apparition de lésions des cellules endothéliales chez les patients atteints de la COVID-19. L’endothélite observée lors de la maladie pourrait expliquer l'altération systémique de la fonction microcirculatoire dans différents lits vasculaires et organes, ainsi que ses manifestations cliniques chez les patients souffrant de la COVID-19.
Une infection et une inflammation
Les chercheurs semblent ainsi avoir démontré l'existence d'une infection virale directe de la cellule endothéliale associée à une inflammation diffuse de l'endothélium.
Bien que le virus utilise le récepteur ACE2 exprimé par les pneumocytes dans la paroi alvéolaire épithéliale pour infecter l'hôte, causant ainsi des lésions pulmonaires, le récepteur ACE2 est également largement exprimé sur les cellules endothéliales, à l'intérieur de nombreux organes.
Le recrutement des cellules immunitaires, soit directement par infection virale des cellules de de l'endothélium, soit par l’activation du système immunitaire, pourrait entraîner un dysfonctionnement endothélial généralisé associé à l'apoptose.
Un véritable organe
L'endothélium vasculaire est plus qu’un simple revêtement de la paroi interne de vaisseaux, c’est un organe actif, paracrine, endocrine et autocrine et qui est indispensable à la régulation du tonus vasculaire et au maintien de l'homéostasie vasculaire.
Le dysfonctionnement endothélial serait un déterminant essentiel du dysfonctionnement microvasculaire en déplaçant la balance vasculaire vers plus de vasoconstriction, avec une ischémie secondaire d'organe, une inflammation avec œdème tissulaire et un état procoagulant.
Des implications pratiques
Cette hypothèse justifie de l’utilisation des traitements visant à stabiliser l'endothélium tout en s'attaquant à la réplication virale, en particulier avec les médicaments anti-inflammatoires de type anti-cytokines, les inhibiteurs du système rénine-angiotensine (qui ont été associés à un effet protecteur) et les statines.
Cette stratégie pourrait être particulièrement pertinente pour les personnes à risque souffrant d'un dysfonctionnement endothélial préexistant, tel que celui qui est associé au sexe masculin, au tabagisme, à l'hypertension artérielle, au diabète, à l'obésité et à des maladies cardiovasculaires avérées, tous facteurs associés également à une issue défavorable dans la COVID-19.











