Cardiologie

Insuffisance cardiaque : le risque de décès associé à l'élévation d'un biomarqueur

Le taux de neuropeptide Y dans le sang, un acide aminé qui régule notamment la pression artérielle, serait un bon marqueur pour prédire les complications cardiaques.

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  • 23 Janvier 2020
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    Sera-t-il possible un jour de prédire les complications de l'insuffisance cardiaque ? Si cette question reste délicate malgré les progrès scientifiques, des chercheurs pensent avoir trouvé une piste. Actuellement, les scientifiques ne comprennent pas pourquoi la moitié des personnes développant une insuffisance cardiaque meurent dans les cinq années suivant leur diagnostic quand d’autres — qui reçoivent les mêmes traitements — ont une espérance de vie plus longue. 

    Une étude menée par les chercheurs de l’université de Californie de Los Angeles (Etats-Unis) révèle qu'un nouveau biomarqueur, le taux de neuropeptide Y dans le sang, pourrait aider à prédire quels patients souffrant d'une insuffisance cardiaque stable ont un risque plus élevé de mourir dans un délai d'un à trois ans. Les résultats de leur étude ont été publiés dans la revue JAMA Cardiology. 

    Vingt morts au cours de l’étude

    Pour les besoins de leur étude, qui s’est déroulé entre 2013 et 2015, les chercheurs ont analysé le sang de 105 patients de l’hôpital général du Massachusetts, traités pour une insuffisance cardiaque stabilisée. L’équipe était à la recherche d'un biomarqueur efficace, tel que le neuropeptide Y, un acide aminé secrété par un neurone qui régule notamment la pression artérielle. I

    En regardant les premiers résultats, les chercheurs ont mis en évidence que la concentration de neuropeptide Y était significativement plus élevée chez les femmes, les patients diabétiques (surtout ceux insulino-dépendants) et chez les personnes souffrant d’hypertension artérielle (notamment chez ceux prenant de l’hydralazine, un vasodilatateur). 

    Au cours de l’étude, 20 des 105 patients volontaires ont trouvé la mort, et tous avaient en commun d’avoir une concentration de neuropeptide Y dans le sang supérieure à 130 pg/mL. Selon les chercheurs, lorsque la présence des neuropeptides Y va au-delà de 130 picogrammes par millilitre de sang, le risque de décès dans un délai d’un à trois ans est multiplié par dix, par rapport à ceux dont le niveau de neuropeptide Y est faible. 

    Des neuropeptides plus présents et moins performants

    Afin de vérifier leur théorie, dans un second temps, l’équipe a comparé des échantillons de ganglions du système nerveux sympathique des patients volontaires avec eux de donneurs sains. Ce sont dans certaines de ces structures que se “loge” les neuropeptides Y. Ils se sont aperçus que les personnes atteintes d’insuffisance cardiaque y produisaient plus de neuropeptide Y que les sujets sains, et que la réaction immunitaire de ces neuropeptides était nettement plus réduite que chez une personne en bonne santé. 

    Pour l’équipe, cette étude constitue une étape importante dans l'amélioration des soins aux patients, car elle permettra à terme, de distinguer chez les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque, celles dont le pronostic vital est engagé de celles dont l’affection peut être gérée sans un suivi particulier. Enfin, cette étude souligne la nécessité pour les professionnels de santé s’occupant de patients atteints d’insuffisance cardiaque de s’intéresser à ce qui se passe au sein de leur système nerveux, afin d’agir en amont pour optimiser leur espérance de vie.

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