Neurologie

Epilepsie temporale : une nouvelle stratégie pour supprimer les crises

Des scientifiques Allemands et Autrichiens ont développé un une thérapie génique pour le traitement de l'épilepsie temporale réfractaire au traitement médicamenteux.

  • Whitehoune/iStock
  • 05 Novembre 2019
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    Aujourd'hui, l'épilepsie touche environ 5 millions de personnes en Europe. Sa forme la plus courante est connue sous le nom d'épilepsie du lobe temporal (ELT) et ses effets secondaires peuvent comprendre des troubles de la mémoire ainsi qu'une altération de l'apprentissage et du contrôle émotionnel. De plus, la qualité de vie des patients atteints d'ELT est gravement affectée par les restrictions imposées à leur capacité de travailler, de conduire une voiture ou de faire du sport. 

    Cette situation est aggravée par le fait que les médicaments utilisés pour traiter les patients atteints d'ELT sont souvent incapables de contrôler adéquatement les crises tout en étant encore associés à des effets secondaires importants. Pour ce groupe particulier de patients, l'ablation chirurgicale du lobe temporal reste souvent la seule alternative thérapeutique. Cependant, ce traitement est associé à des résultats cognitifs indésirables et ne garantit pas que les patients ne subiront pas de nouvelles crises.

    Pour résoudre ce problème, des équipes de chercheurs des universités de médecine de Berlin (Allemagne) et d'Innsbruck (Autriche) ont développé un nouveau concept thérapeutique pour le traitement de l'épilepsie du lobe temporal. Il s'agit d'une thérapie génique capable de supprimer les crises à leur site d'origine sur demande. Elle s'est révélée efficace dans un modèle animal, et la nouvelle méthode sera maintenant optimisée pour une utilisation clinique. Les résultats de leur étude ont été publiés dans le numéro du mois d’octobre de la revue EMBO Molecular Medicine. 

    Empêcher la propagation de la crise

    La nouvelle méthode de traitement est basée sur la thérapie génique ciblée. Cette technique implique l'administration sélective d'un gène spécifique aux cellules nerveuses dans la région du cerveau d'où proviennent les crises d'épilepsie. Le gène fournit aux cellules l'information nécessaire à la synthèse des dynorphines: ce sont des peptides produits naturellement et qui modulent l'activité neuronale. Une fois que le gène a été introduit dans les cellules nerveuses, il y demeure en permanence. “La stimulation à haute fréquence des cellules nerveuses, comme celle observée au début d'une crise, entraîne la libération de dynorphines stockées. La dynorphine freine la transduction du signal et, par conséquent, la crise d'épilepsie ne se propage pas”, déclare le professeur Christoph Schwarzer, du département de pharmacologie de l'université de médecine d'Innsbruck. 

    Le neurobiologiste et spécialiste de l'épilepsie ajoute : “Comme les cellules ne libèrent cette substance qu'en cas de besoin, ce type de thérapie génique est appelé ‘libération à la demande’.” En utilisant un modèle animal, les chercheurs ont pu démontrer que cette thérapie génique est capable de supprimer les crises d'épilepsie pendant plusieurs mois. Les chercheurs ne se sont pas arrêtés là, et ont testé leur nouveau concept de traitement en utilisant des échantillons de tissus prélevés sur des patients épileptiques. Ils ont démontré avec succès que la dynorphine réduit considérablement la gravité et la fréquence de l'activité des cellules nerveuses synchronisées dans le tissu épileptique humain.

    Un traitement rare

    Comme le risque d'échec médicamenteux de l'ELT est élevé, il s'agira d'un traitement unique et d'une réponse novatrice aux douleurs des patients épileptiques. De plus, la réduction des crises d'épilepsie a également permis de soulager les effets néfastes de ces crises sur la mémoire et l'apprentissage. De plus, aucun effet secondaire n'a été observé jusqu'à présent. 

    Si le traitement s'avère efficace, il offrirait une alternative aux patients pour lesquels les traitements médicamenteux échouent. “Les résultats de notre étude sont encourageants et nous incitent à espérer que ce nouveau concept thérapeutique puisse également être couronné de succès chez l’homme”, a déclaré le professeur Regine Heilbronn, directrice de l'Institut de virologie l’université de Berlin. 

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