Rhumatologie

Polyarthrite rhumatoïde : la stimulation du nerf vague réduit l'activité de la maladie

L’électrostimulation du nerf vague pourrait constituer une nouvelle approche dans le traitement des polyarthrites rhumatoïdes résistantes aux biothérapies. Cette technique pourrait bénéficier à d'autres maladies inflammatoires chroniques.

  • Tharakorn/istock
  • 17 Juin 2019
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    L'efficacité de la stimulation du nerf vague sur l'activité de la polyarthrite dans une étude pilote a servi de base à une nouvelle étude, récemment présentée au Congrès Annuel Européen de Rhumatologie. En stimulant l’activité d'un circuit neurologique régulant les réactions immunitaires, celles-ci pourront être modulées sans risque d’immunosuppression importante.

    Pour l’étude, un neuro-stimulateur miniature (appelé MicroRegulator) a été implanté chez 14 malades souffrant d'une polyarthrite rhumatoïde et sur lesquels au moins deux biothérapies injectables ou orales avaient déjà échoués. Ces patients ont été divisés en trois groupes : un groupe placebo, un groupe avec stimulation quotidienne et un autre avec quatre stimulations quotidiennes.

    Circuits cérébraux régulant les réactions immunitaires

    Le nerf vague est un des nerfs qui connectent le cerveau au reste du corps. Il est le nerf le plus long et le plus complexe des 12 nerfs crâniens qui proviennent du cerveau et s’étend vers le cou, la poitrine et l’abdomen.

    Les récentes avancées dans les domaines des neurosciences et de l’immunologie ont permis de cartographier des circuits cérébraux régulant les réactions immunitaires. Dans un de ces circuits, appelé le "réflexe inflammatoire", des signaux sont transmis via le nerf vague pour empêcher la diffusion de cytokines telles que le TNF, une molécule inflammatoire considérée comme une cible thérapeutique majeure dans le traitement des polyarthrites rhumatoïdes.

    Un espoir dans la polyarthrite et d'autres maladies

    Après douze jours d’étude, les patients ayant reçu une stimulation quotidienne montrent de meilleurs résultats que le groupe avec quatre stimulations quotidiennes et le groupe placebo, avec deux tiers des patients atteignant les critères Eular de réponse "bonne" ou "modérée" au traitement, et un changement moyen de DAS28-CRP de -1,24. Le changement moyen du DAS28-CRP dans le groupe placebo est de 0,16.

    Les résultats montrent également que les taux de cytokines, qui sont des protéines essentielles au fonctionnement de la signalisation cellulaire, ont pour certaines d’entre elles baissées jusqu’à 30% dans les groupes avec électrostimulation.

    "Cette avancée est vraiment excitante. Pour beaucoup de patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, les traitements actuels ne fonctionnent pas ou ne sont pas bien tolérés, explique le professeur Thomas Dörner, président du comité scientifique du Congrès Annuel Européen de Rhumatologie. Ces résultats ouvrent la porte à une nouvelle approche de traitement à la fois pour la polyarthrite rhumatoïde mais aussi pour d’autres maladies inflammatoires chroniques."

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