Cardiologie

Stress au travail et mauvais sommeil : majoration du risque de décès cardiovasculaire

Les salariés souffrant d'hypertension seraient particulièrement sensibles au stress au travail et au manque de sommeil. Les 2 pronlèmes combinés multipierait par 3 le risque de décès prématuré par maladie cardiovasculaire. 

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  • 29 Avril 2019
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    Le stress au travail tue, le manque de sommeil aussi. On le sait depuis longtemps. Mais pour la première fois, des chercheurs ont examiné l’effet combiné de ces deux fléaux chez les employés souffrant en plus d’hypertension. Résultat : ces derniers ont trois fois plus de risques de mourir prématurément d’une maladie cardiovasculaire, révèle l’étude parue samedi 27 avril dans le European Journal of Preventive Cardiology.

    Large étude sur l'impact du stress et du manque de sommeil

    Pour en arriver à cette conclusion, le Professeur Karl-Heinz Ladwig, du Centre Allemand de Recherches pour la Santé Environnementale et ses collègues, se sont basé sur trois études conduites en 1984 et 1995 en Allemagne. Parmi les 13 400 participants, ils ont identifié près de 2 000 employés âgés de 25 à 65 ans souffrant d’hypertension mais pas de maladies cardiovasculaires ou de diabète.

    Ils ont ainsi pu observer que ceux qui stressaient au travail et dormaient mal ont trois fois plus de risques de mourir d’une maladie cardiovasculaire que les autres. Dans le détail, ceux qui stressent au travail mais dorment bien et ceux qui ne souffrent que de mauvaises nuits sont respectivement 1,6 et 1,8 fois plus à risque.

    "Le sommeil devrait être un temps de récupération, permettant de restaurer les niveaux d’énergie. Si vous êtes stressé au travail, le sommeil vous aide à vous remettre. Malheureusement, un mauvais sommeil et un travail stressant vont souvent de paire et quand ils sont combinés avec de l’hypertension, les effets sont encore plus toxiques", explique le Professeur Ladwig.

    Un épuisement des ressources d'énergie

    Au cours de ces recherches, un emploi stressant avait été défini comme un travail très exigeant mais avec peu de marge de manœuvre. Comme dans le cas où un employeur voudrait certains résultats mais refuserait que l’employé prenne des décisions. "Si vous avez une forte demande mais aussi beaucoup de contrôle, en d’autres mots, que vous pouvez prendre des décisions, cela pourra au contraire être positif pour votre santé", ajoute le Professeur. "Mais être coincé dans une situation oppressante que vous n’avez aucun pouvoir de changer est dommageable".

    Quant au sommeil de mauvaise qualité, il a été défini par des difficultés à s’endormir et à rester endormi. "Rester endormi est le problème le plus commun chez les gens qui ont des emplois stressants. Ils se réveillent à 4h du matin pour aller aux toilettes et se recouchent en ruminant sur leurs problèmes de travail", note le Professeur Ladwig. Et de préciser : "Le risque n’est pas d’avoir une journée difficile et pas de sommeil. C’est de souffrir d’un job stressant et d’un mauvais sommeil pendant de nombreuses années, ce qui atténue nos ressources d’énergie et peut conduire à une mort précipitée".

    Ainsi, ces résultats devraient pousser les médecins à interroger leurs patients atteints d’hypertension sur leurs habitudes de travail et de sommeil, conseille l’étude. "Chaque situation est un facteur de risque en soit et elles sont liées, ce qui veut dire que l’une aggrave l’autre. L’activité physique, une alimentation équilibrée et des stratégies de relaxation sont importantes, tout comme un médicament pour abaisser la pression sanguine si besoin", conclut le Professeur Ladwig qui invite les employeurs à aider leurs salariés à gérer le stress et à leur fournir des traitements pour le sommeil si besoin.

    24% des travailleurs français souffriraient d'"hyperstress au travail" 

    De nombreuses études ont déjà fait le liens entre stress et mort prématurée. D’après une étude suédoise parue il y a quelques semaines dans le British Medical Journal (BMJ), le risque d’évènements cardiovasculaires graves comme les arrêts cardiaques et les crises cardiaques serait particulièrement élevé au cours des six premiers mois suivant le diagnostic d'un trouble lié au stress, et au cours de la première année pour les autres types de maladies cardiovasculaires.

    Concernant le sommeil, des chercheurs américains ont récemment fait le lien entre apnée du sommeil et maladies cardiovasculaires. Au cours de l’étude, les patients qui somnolaient pendant la journée étaient trois fois plus susceptibles de souffrir d'insuffisance cardiaque que les autres, et avaient deux fois plus de risque de faire un infarctus ou un AVC.

    La France semble être particulièrement concernée par ces données puisque dans l’Hexagone, 43% des adultes auraient déjà consultés un professionnel de santé pour des problèmes de sommeil, a récemment révélé un sondage réalisé pour la Journée mondiale du sommeil. Et, d’après une étude réalisée en 2017 sur le stress au travail, 24% des employés souffriraient même d'un "état d'hyperstress" au travail.

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