Oncologie
Carcinome canalaire in situ : intérêt limité de l’anastrozole versus tamoxifène
Les résultats de deux études ayant évalué l’efficacité de l’anastrozole versus tamoxifène dans le carcinome canalaire in situ (CCIS) chez la femme ménopausée sont contradictoires, avec des profils de tolérance différents.
- DURAND FLORENCE/SIPA
L’hormonothérapie fait partie intégrante de la stratégie de prévention de la récidive et du cancer controlatéral dans le cancer du sein invasif survenant après la ménopause. Mais sa place dans le CCIS reste débattue, et d’ailleurs non reconnue dans les recommandations de l’InCa de septembre 2015, notamment en raison du rapport bénéfice/risque discutable du traitement par tamoxifène. La démonstration de la supériorité des anti-aromatases dans le cancer du sein invasif ER+ a conduit à évaluer l’anastrozole versus tamoxifène dans le CCIS, avec des résultats contradictoires dans les deux études publiées dans la même édition du Lancet.
Non-inférieur mais pas supérieur
Dans l’essai IBIS-II DCIS, randomisé contrôlé en double aveugle, qui a inclus 2980 patientes (Forbes), aucune différence significative entre les deux traitements n’a été rapportée après un suivi moyen de 7,2 ans : 67 récidives dans le groupe anastrozole, versus 77 dans le groupe tamoxifène (OR 0,89, IC 0,64-1,23). La non-infériorité de l’anastrozole comparativement au tamoxifène a pu être établie, mais pas sa supériorité. Le taux d’effets secondaires a été comparable dans les deux groupes (91% vs 93%), mais le profil de tolérance était différent : plus de fractures, de troubles musculo-squelettiques, d’hypercholestérolémie et d’accidents vasculaires cérébraux sous anastrozole et plus de spasmes musculaires, de symptômes et cancers gynécologiques, de troubles vasomoteurs et de thrombose veineuse profonde sous tamoxifène.
Le rôle de l’âge
L’essai NSABP B-35 a inclus 3104 femmes qui ont été randomisées pour recevoir du tamoxifène ou de l’anastrozole et ont été suivies en moyenne 9 ans (Margolese). Les auteurs rapportent plus de cancers du sein dans le groupe tamoxifène (122 versus 90, OR 0,73, IC 0,56-0,96), avec un rôle important de l’âge puisque l’anastrozole n’était supérieur au tamoxifène que chez les femmes de moins de 60 ans. En termes de tolérance, les événements thrombo-emboliques veineux ont été plus fréquents dans le groupe tamoxifène.
Et la qualité de vie
Des données sur la qualité de vie évaluée dans un sous-groupe de 1193 patientes suivies dans le cadre de cet essai font également l’objet d’une 3e publication (Ganz). Il n’y avait pas de différence significative entre les deux bras thérapeutiques en termes de score de santé physique, d’énergie, de fatigue ou de dépression. Les troubles vasomoteurs (en particulier chez les femmes les plus jeunes), les symptômes gynécologiques et les troubles vésicaux ont été plus sévères sous tamoxifène, tandis que les douleurs musculaires et les troubles vaginaux ont été plus marqués sous anastrozole.
Au total, la question de la place de l’hormonothérapie dans le CCIS n’est toujours pas tranchée, mais s’il y a un bénéfice de l’anastrozole, ce sera vraisemblablement avant 60 ans.











