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Hémorragies postpartum : des progrès restent à faire
Deux études explorent de nouveaux moyens de prévenir les hémorragies postpartum, principales causes de décès dus aux naissances dans les pays pauvres.
- Milkos / Istock
Lorsqu’une femme accouche, elle peut, si tout le placenta n’est pas éjecté correctement, être victime d’une hémorragie. Dans les pays pauvres, c’est même la principale cause de décès dus aux naissances. Dans un éditorial, The New England Journal of Medecine engage à prévenir les saignements postpartum excessifs.
Pour ce faire, une étude effectuée sur près de 30 000 femmes indique que l’utilisation du carbétocine thermostable était efficace, mais seulement si la patiente ne perdait pas trop de sang. Le produit a ainsi été moins probant sur les pertes supérieures à 1000 ml de sang. "Il sera important que le groupe d'élaboration des lignes directrices de l'OMS examine les résultats de l'essai dans son ensemble et dans le contexte de toutes les données disponibles concernant l'innocuité, le rapport coût-efficacité et le caractère abordable de la carbétocine thermostable", indiquent les auteurs de l’article.
Anémie grave
Une deuxième recherche démontre que l'administration précoce d'acide tranexamique entraîne un risque de décès par saignement inférieur à celui du placebo chez les femmes présentant une hémorragie post-partum. 4000 participantes ont été réparties au hasard pour recevoir 1 g d'acide tranexamique ou un placebo correspondant, administré par perfusion intraveineuse."Cependant, dans les pays pauvres ou en développement, ce traitement est administré trop tardivement aux femmes, dont beaucoup souffrent d'anémie grave", précisent les rédacteurs.
Des progrès restent donc encore à faire en la matière. Rappelons qu’environ 500 000 femmes meurent "de grossesse ou d’accouchement" chaque année dans le monde. Elles appartiennent à un pays en voie de développement dans 99% des cas. Dans les pays d’Afrique où les études sont possibles, la mortalité maternelle est voisine de 1%. Le pourcentage de patientes présentant des complications maternelles graves après l’accouchement a pu être estimé à 6% environ.
Causes obstétricales de décès
Les hémorragies font constamment partie des causes obstétricales dites "directes" de décès, même s’il est concevable que certaines pathologies sous-jacentes aient pu aggraver les conséquences de l’hémorragie (cardiopathie) ou bien en aient été directement la cause (thrombopénies). L’Enquête Confidentielle sur les Morts Maternelles (EPOPé), dirigée par Catherine Deneux Tharaux, épidémiologiste à l’Inserm, indique que l’hémorragie post-partum est la première cause de mortalité maternelle en France.
56% des décès par hémorragie ayant eu lieu sont jugés "évitables". Dans ces situations, il s’agit le plus souvent "d’hémorragies après césarienne. Après l’intervention, la mère se met à saigner à l’intérieur du ventre, le sang n’est pas extériorisé donc non visible à l’œil nu. Le retard de diagnostic entraîne alors le retard de la prise en charge", précise au Figaro Catherine Deneux Tharaux.











