Oncologie

Cancers du sein agressifs : une nouvelle piste de traitement

Les cancers du sein « triple négatifs », très agressifs et peu sensibles aux traitements actuels, auraient aussi leur talon d’Achille

  • WIDMANN PETER/TPH/SIPA
  • 13 Janvier 2016
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    Les cancers du sein « triple-négatifs » n’ont ni récepteur aux œstrogènes, à la progestérone ou à HER2, à la surface des cellules tumorales. Ce déficit rend inutile l’utilisation de thérapeutiques ciblées actuelles et ne laisse que peu de solutions pour juguler une forme de cancer à croissance et à dissémination rapide.

    Une équipe de recherche de l’Institut Paoli Calmettes a découvert un gène des cellules de la glande mammaire, normalement finement régulé, et qui est très fortement exprimé dans les cancers du sein « triple-négatifs » : il s’agit du gène codant pour le récepteur VANGL2.

    Une nouvelle cible thérapeutique

    Ce récepteur VANGL2 est très intéressant car il s’agit d’un gène important lors de la formation de l’embryon et de multiples organes : grâce à son ligand WNT, il active une enzyme appelée JNK, de façon jusqu’alors mystérieuse.

    Dans la publication de Nature, Jean-Paul Borg et son équipe démontrent que la protéine VANGL2, produite en trop grande abondance dans les cancers du sein triple-négatifs, induit de façon excessive l’activité de JNK.

    L’équipe marseillaise révèle aussi pour la première fois que cette activation se fait par l’intermédiaire de la protéine p62/SQSTM1 et qu’il est possible de bloquer cette interaction dans les cellules tumorales.

    Cibler les « gènes réveillés »

    Quand les chercheurs réduisent expérimentalement la quantité de VANGL2 dans les cellules des cancers du sein triple-négatifs, la capacité de ces dernières à se multiplier et à se déplacer est diminuée d’autant. De plus, l’activation de JNK est bloquée de la même manière quand ils interrompent l’interaction de VANGL2 avec p62/SQSTM1, qu’avec des inhibiteurs classiques de JNK. Leur article montre donc que la voie d’activation de JNK contribue à la croissance et à la diffusion des tumeurs mammaires de mauvais pronostic qui surexpriment le récepteur VANGL2.

    La découverte de ce mécanisme de signalisation « réveillé » dans les cancers du sein constitue une avancée pour la recherche de médicaments capables de freiner le processus tumoral.

    Au-delà des seuls cancers triple-négatifs, ces résultats ouvrent des perspectives pour d’autres formes de cancers en attente de traitements efficaces où cette hyperexpression du récepteur VANGL2, ou d’un autre « gène réveillé »  est présente.

     

    Puvirajesinghe TM et al. Identification of p62/SQSTM1 as a component of non-canonical Wnt VANGL2-JNK signalling in breast cancer. Nature doi 10.1038/NCOMMS10318

     

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