Infectiologie

Grippe aviaire et mutations du H5N1 : comprendre l'impact sur la santé humaine

Le suivi des mutations des virus de la grippe aviaire, et en particulier le H5N1 qui sévit actuellement, sont essentielles pour préparer les moyens de lutte en cas d’acquisition de mutations favorisant la transmission aux mammifères et la transmission interhumaine.

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  • 18 Avr 2023
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    La grippe aviaire est une maladie infectieuse qui touche principalement les oiseaux, mais peut également se propager aux humains et à d'autres animaux. Le virus H5N1, en particulier, est un sous-type de la grippe aviaire A qui a suscité de nombreuses inquiétudes en raison de sa capacité à provoquer des maladies graves et parfois mortelles chez l'homme (Alexander, 2007).

    L'évolution rapide et les mutations du virus H5N1 sont des sujets de recherche cruciaux pour comprendre la dynamique de cette maladie et évaluer les risques potentiels pour la santé publique. Dans cette revue de la littérature, nous examinons les informations disponibles pour explorer l'évolution du virus H5N1 et ses implications.

    Les mutations du virus H5N1

    Les virus de la grippe, y compris le H5N1, sont connus pour évoluer rapidement, principalement en raison de deux mécanismes : la mutation ponctuelle et le réassortiment génétique (Webster et al., 1992). Les mutations ponctuelles sont des changements aléatoires dans le matériel génétique du virus qui peuvent entraîner des modifications de ses propriétés, telles que la transmissibilité, la virulence ou l'immunogénicité. Le réassortiment génétique se produit lorsque deux virus de la grippe infectent la même cellule et échangent des segments de leur matériel génétique, créant ainsi un nouveau virus recombinant.

    La surveillance des mutations du virus H5N1 est essentielle pour comprendre l'évolution de la maladie et évaluer les risques potentiels pour la santé humaine Claes et al., 2014). Plusieurs études ont analysé les mutations du virus H5N1, mettant en évidence les changements clés qui ont conduit à l'émergence de nouvelles souches et à l'adaptation du virus à de nouveaux hôtes (Yen et Webster, 2009).

    Les conséquences des mutations sur la transmission interespèces

    Les mutations du virus H5N1 peuvent augmenter la capacité du virus à infecter d'autres espèces animales, y compris l'homme. Par exemple, certaines études ont montré que des mutations spécifiques dans les gènes du virus H5N1 peuvent améliorer la liaison du virus aux récepteurs présents dans les voies respiratoires humaines, facilitant ainsi la transmission du virus de l'oiseau à l'homme (Matrosovich et al., 2004).

    De plus, des mutations dans les gènes de la polymérase, une enzyme essentielle à la réplication virale, peuvent augmenter la capacité du virus à se répliquer dans les cellules humaines. Ces mutations peuvent également augmenter la virulence du virus chez l'homme, entraînant des infections plus sévères et un taux de mortalité plus élevé (Hatta et al., 2001).

    Les mutations et la résistance aux antiviraux

    Les mutations du virus H5N1 peuvent également entraîner une résistance aux antiviraux, ce qui complique le traitement des infections chez les humains (Moscona, 2005). Les inhibiteurs de la neuraminidase, tels que l'oseltamivir (Tamiflu®) et le zanamivir (Relenza®), sont couramment utilisés pour traiter les infections par le virus de la grippe, y compris le H5N1.

    Cependant, des études ont signalé l'apparition de souches résistantes à ces médicaments en raison de mutations spécifiques dans le gène de la neuraminidase. Cette résistance aux antiviraux rend le traitement des infections à H5N1 plus difficile et souligne l'importance de développer de nouvelles approches thérapeutiques pour lutter contre ce virus (Watanabe et Kawaoka, 2015).

    Les mutations et l'efficacité des vaccins

    Les vaccins constituent un moyen essentiel de prévenir les infections par le virus de la grippe. Cependant, les mutations du virus H5N1 peuvent affecter l'efficacité des vaccins existants en modifiant les antigènes présents à la surface du virus (Wiley et Skehel, 1987). Les antigènes sont les molécules qui déclenchent une réponse immunitaire et sont ciblées par les vaccins pour protéger contre l'infection. Si les antigènes du virus changent, la réponse immunitaire déclenchée par le vaccin peut ne plus être efficace pour neutraliser le virus.

    Les chercheurs surveillent en permanence les mutations du virus H5N1 pour évaluer l'efficacité des vaccins actuels et pour développer de nouveaux vaccins qui ciblent les souches émergentes (Swayne, 2012). Des études ont rapporté l'utilisation de vaccins à base de virus inactivés, de vecteurs viraux et de vaccins à ARNm pour protéger contre les infections à H5N1. Cependant, la mise au point de vaccins efficaces et sûrs pour lutter contre les différentes souches du virus H5N1 reste un défi majeur pour la recherche.

    Surveillance et prévention

    La surveillance des mutations du virus H5N1 et l'évaluation des risques potentiels pour la santé humaine sont des éléments clés de la prévention et du contrôle de la grippe aviaire (OIE, 2019). La détection précoce des nouvelles souches virales et l'évaluation de leur transmissibilité, virulence et résistance aux médicaments permettent d'informer les stratégies de santé publique et de guider la mise au point de vaccins et de traitements.

    La prévention de la propagation du virus H5N1 entre les oiseaux et de l'oiseau à l'homme est essentielle pour limiter les risques pour la santé publique. Les mesures de biosécurité, telles que la restriction des mouvements d'oiseaux et la désinfection des installations avicoles, sont cruciales pour réduire la transmission du virus dans les populations d'oiseaux (Sims et Peiris, 2013). La surveillance et le contrôle des marchés d'oiseaux vivants, où les humains et les oiseaux entrent en contact étroit, sont également importants pour minimiser les risques de transmission interespèces.

    Conclusion

    L'évolution rapide et les mutations du virus H5N1 sont des sujets de recherche cruciaux pour comprendre la dynamique de la grippe aviaire et évaluer les risques potentiels pour la santé publique. Les études disponibles sur PubMed soulignent l'importance de surveiller les mutations du virus, en particulier celles qui affectent la transmission interespèces, la virulence et la résistance aux médicaments antiviraux. La compréhension de l'évolution du virus H5N1 et des implications pour la santé humaine est essentielle pour informer les stratégies de prévention, de surveillance et de traitement.

    Les défis futurs pour la recherche et la santé publique comprennent le développement de vaccins efficaces et sûrs contre les différentes souches du virus H5N1, ainsi que l'amélioration des approches thérapeutiques pour traiter les infections. De plus, la mise en œuvre de mesures de biosécurité rigoureuses et la surveillance continue des marchés d'oiseaux vivants sont nécessaires pour minimiser la propagation du virus et réduire les risques de transmission interespèces.

    Enfin, la coopération internationale et le partage d'informations sont essentiels pour lutter contre la grippe aviaire et les mutations du virus H5N1. Les efforts conjoints des chercheurs, des gouvernements et des organisations de santé publique sont indispensables pour surveiller et contrôler la propagation du virus, développer des vaccins et des traitements efficaces et protéger la santé des populations humaines et animales dans le monde entier.

     

    Références

    Alexander, D. J. (2007). An overview of the epidemiology of avian influenza. Vaccine, 25(30), 5637-5644.

    Claes, F., Morzaria, S. P., & Donis, R. O. (2014). Emergence and dissemination of clade 2.3.4.4 H5Nx influenza viruses—how is the Asian HPAI H5 lineage maintained. Current Opinion in Virology, 8, 96-104.

    Hatta, M., Gao, P., Halfmann, P., & Kawaoka, Y. (2001). Molecular basis for high virulence of Hong Kong H5N1 influenza A viruses. Science, 293(5536 — 1, 1-24.

    Matrosovich, M. N., Gambaryan, A. S., Teneberg, S., Piskarev, V. E., Yamnikova, S. S., Lvov, D. K., ... & Karlsson, K. A. (1997). Avian influenza A viruses differ from human viruses by recognition of sialyloligosaccharides and gangliosides and by a higher conservation of the HA receptor-binding site. Virology, 233(1), 224-234.

    Moscona, A. (2005). Neuraminidase inhibitors for influenza. New England Journal of Medicine, 353(13), 1363-1373.

    OIE. (2019). Update on avian influenza in animals (types H5 and H7). World Organisation for Animal Health. Retrieved from https://www.oie.int/en/animal-health-in-the-world/update-on-avian-influenza/2019/

    Sims, L. D., & Peiris, M. (2013). One health: the Hong Kong experience with avian influenza. Current Topics in Microbiology and Immunology, 365, 281-298.

    Swayne, D. E. (2012). Impact of vaccines and vaccination on global control of avian influenza. Avian Diseases, 56(4s1), 818-828.

    Watanabe, T., & Kawaoka, Y. (2015). Influenza virus-host interactomes as a basis for antiviral drug development. Current Opinion in Virology, 14, 71-78.

    Webster, R. G., Bean, W. J., Gorman, O. T., Chambers, T. M., & Kawaoka, Y. (1992). Evolution and ecology of influenza A viruses. Microbiological Reviews, 56(1), 152-179.

    Wiley, D. C., & Skehel, J. J. (1987). The structure and function of the hemagglutinin membrane glycoprotein of influenza virus. Annual Review of Biochemistry, 56(1), 365-394.

    Yen, H. L., & Webster, R. G. (2009). Pandemic influenza as a current threat. In Compans, R.W. & Oldstone, M.B.A. (Eds.), Influenza Pathogenesis and Control - Vol I. Current Topics in Microbiology and Immunology, 333, 3-24.

     

     

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