Enrouement de l’adulte : une dysphonie le plus souvent d’origine virale

Publié le 01.01.1970
Mise à jour 22.11.2022
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Enrouement de l’adulte : une dysphonie le plus souvent d’origine virale
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Généralement passager et sans gravité, l’enrouement, ou « dysphonie », correspond à une altération du timbre de la voix, le plus souvent liée à une infection virale. Toute dysphonie traînante depuis plus de 8 jours doit faire l’objet d’un examen des cordes vocales.

Enrouement de l’adulte : une dysphonie le plus souvent d’origine virale : COMPRENDRE

Des mots pour les maux
L’enrouement est un trouble de la voix appelé « dysphonie »
Le « larynx » est un organe du cou qui contient les « cordes vocales ».
Le larynx peu se fermer en haut par « l’épiglotte »

A quoi correspond un enrouement ?

L’enrouement, ou « dysphonie », correspond à une altération du timbre de la voix. L’enrouement est lié à un dysfonctionnement ou une lésion des cordes vocales ou à une maladie du « larynx ».
Le « larynx » est un tube constitué de cartilages et qui est situé dans le cou, sous le « pharynx » et au dessus de la « trachée » (qui conduit l’air dans les poumons). Il contient les cordes vocales qui produisent les sons de la voix par vibration au passage de l’air expiré.
Le larynx est ouvert, au moment de l’inspiration, pour permettre le passage de l’air vers les poumons, lors de la parole, et au moment de l’expiration pour permettre le passage de l’air qui sort des poumons. Il se ferme au moment de la déglutition des aliments, pour que ceux-ci ne pénètrent pas dans les voies respiratoires, grâce à un petit clapet, « l’épiglotte ».
Généralement passager et sans gravité, l’enrouement est souvent lié à une infection virale (rhume, rhynopharyngite, angine, sinusite). Si la dysphonie persiste, elle peut être due à un surmenage des cordes vocales, à une anomalie de leur mouvement, à une inflammation du larynx ou « laryngite chronique », voire à une tumeur bénigne ou maligne.

Enrouement de l’adulte : une dysphonie le plus souvent d’origine virale : CAUSES

Quelles sont les causes de l’enrouement ?

L’enrouement correspond à une altération des cordes vocales qui ne vibrent plus normalement dans le larynx (« dysphonie »).
• Les enrouements de courte durée, dits « aigus », sont les plus fréquents. Il sont généralement bénins et durent quelques jours.
Ils peuvent être provoqués par une infection (rhume, rhinopharyngite, angine, sinusite) qui est la première cause de dysphonie. L’infection provoque une « laryngite », le plus souvent virale, mais parfois bactérienne, qui est responsable d’une inflammation passagère des cordes vocales. L’enrouement peut alors s’accompagner d’une toux plus ou moins forte.• Les enrouements de longue durée, dits « chroniques », peuvent être liés à des causes très diverses.
Le cas le plus fréquent est celui du surmenage de la voix chez des personnes qui ont forcé sur leur voix (professeurs, orateurs, chanteurs…). Si l’enrouement survient seulement après avoir parlé trop longtemps en public, un défaut de technique d’élocution est sans doute en cause, qui peut se rééduquer.
Il peut s’agir d’une laryngite chronique (ou inflammation chronique du larynx), à la suite d’un refroidissement et d’infections à répétition. Dans ce cas, l’enrouement peut s’accompagner d’un mal de gorge, d’une gêne respiratoire ou de fièvre.
Une inflammation du larynx peut être du au tabac et à la consommation d’alcool.
Un piège classique est le « reflux gastro-œsophagien » ou reflux du contenu acide de l’estomac dans l’œsophage et qui peut remonter jusque dans la gorge chez certaines personnes.
Une irritation des cordes vocales peut être liée à une atmosphère enfumée ou trop sèche.
Cette irritation chronique si elle se prolonge peut être à l’origine de nodules, de polypes ou de granulomes sur les cordes vocales. Ceci peut être favorisé par la sur-utilisation des cordes vocales, voire une infection à papillomavirus.
Une paralysie du larynx et des cordes vocales correspond à une anomalie du mouvement d’une ou 2 cordes. Si les deux sont atteintes, des difficultés à respirer et à avaler apparaissent, en plus de la dysphonie. Ce type de paralysie est lié à une atteinte des nerfs commandant les muscles du larynx et des cordes vocales. Ces derniers peuvent être lésés après une opération de la thyroïde (section accidentelle du nerf récurrent), ou à cause d’une maladie neurologique (maladie de Parkinson, sclérose en plaque).
Dans 10 à 30 % des cas, la cause de la paralysie reste inconnue malgré un bilan médical complet. La dysphonie associée, survenue en général brutalement, guérit spontanément. On parle alors de « paralysie laryngée a frigore ».
Un cancer du larynx peut survenir chez les grands fumeurs.
Des causes psychiques telles que la nervosité, le trac ou une timidité excessive peuvent être évoquées uniquement lorsque l’on a éliminé les autres causes.

Enrouement de l’adulte : une dysphonie le plus souvent d’origine virale : DIAGNOSTIC

Quand faut-il consulter un médecin ?

• Chez l’adulte, il faut consulter un médecin s’il existe des récidives trop fréquentes de la dysphonie, ou en cas de persistance prolongée plus d’une semaine, ou en cas de crachats sanglants associés.
• Lorsque la voix devient blanche ou éteinte chez un enfant, il s’agit d’une forme sérieuse de laryngite qui nécessite la consultation d’un médecin en urgence. Il en est de même chez le nourrisson.

Comment diagnostiquer une dysphonie ?

Le médecin traitant adressera la personne enrouée à un oto-rhino-laryngologiste (ORL). Celui-ci commencera par un interrogatoire sur les signes et les habitudes de vie (consommation d’alcool et/ou de tabac, profession, antécédents de rhume ou de rhinopharyngite ou d'angine ou de sinusite...), puis il procédera à un examen local neurologique, un examen des ganglions locorégionaux et un examen général.
Ensuite, l’ORL réalisera une « laryngoscopie indirecte » (examen complémentaire indolore au miroir, permettant de visualiser les cordes vocales et le larynx). Il utilise pour cela un petit miroir spécifique, dit « laryngien », que l’on introduit dans la bouche.
Toute personne souffrant d’une dysphonie durant plus de 8 jours doit avoir un examen par laryngoscopie indirecte.
Selon la cause suspectée de l’enrouement, d’autres examens pourront être prescrits pour affiner le diagnostic : un « bilan phoniatrique », c’est-à-dire une étude du fonctionnement des cordes vocales réalisée par un « phoniatre » (un spécialiste des troubles de la voix), une « laryngoscopie directe » (exploration du larynx au moyen d’une endoscopie), accompagnée d’une biopsie en cas de lésions, un scanner ou une IRM.

Avec quoi peut-on confondre une dysphonie ?

D’autres troubles de la voix peuvent être confondus avec une dysphonie :
• Il peut s’agir de la voix faible des insuffisances respiratoires (« hypophonie »), trouble qui est en rapport avec une baisse du débit d’air.
• Il peut s’agir d’une modifications du timbre de la voix en rapport avec une atteinte des cavités de résonance de la voix
• La « rhinolalie fermée », ou obstruction nasale ou du cavum, se voit au cours d’une rhinite, d’une polypose naso-sinusienne, d’une hypertrophie des végétations adénoïdes, d’une tumeur du voile ou du cavum.
• La « rhinolalie ouverte », incontinence du voile du palais, est rencontrée au cours d’une fente vélo-palatine, après une exérèse vélaire excessive (chirurgie du ronflement) ou d’une paralysie du voile du palais (« paralysie vélaire »).
• Une « voix pharyngée » est en rapport avec un cancer de l’oropharynx, des phlegmons amygdaliens et pharyngés, une hypertrophie amygdalienne.
• Enfin, une « dysarthrie » s’observe au cours des troubles neurologiques de l’articulation de la parole (sclérose latérale amyotrophique)

Enrouement de l’adulte : une dysphonie le plus souvent d’origine virale : QUE FAIRE ?

Que faire en cas d’enrouement ou dysphonie ?

La première chose à faire lorsqu’on est enroué consiste à ménager ses cordes vocales. Mais parler à voix basse, en chuchotant de manière forcée, les sollicite plus fortement que parler normalement. Il faut donc mettre sa voix au repos (et parler seulement lorsqu’on le doit). Il faut aussi éviter autant que possible les environnements bruyants, qui obligent souvent à « forcer » sur sa voix, de même que les cris, les chuchotements et le chant.
Il est important de correctement humidifier l’atmosphère du domicile ou du lieu de travail (par exemple avec un linge mouillé posé sur un radiateur).
En cas de tabagisme, il vaut mieux l’interrompre et il faut éviter les endroits enfumés. Il faut également réduire sa consommation d’alcool.
Il faut boire régulièrement : l’eau aidera les cordes vocales à rester humides.
En cas de rhume ou de rhinopharyngite associé, il faut proscrire tout décongestionnant nasal qui pourrait dessécher les cordes vocales.
En cas de reflux gastro-œsophagien (RGO), il faut bien suivre le traitement prescrit par le médecin traitant, ne pas se coucher après un repas et surélever la tête de son lit.
En cas de douleur ou de fièvre, il est possible de prendre un médicament antalgique et antipyrétique (paracétamol, ibuprofène).
En cas d’irritation ou de mal de gorge associé à l’enrouement, les pastilles pour la gorge et les collutoires contenant des substances antalgiques ou adoucissantes peuvent apporter un soulagement.

Comment traiter un enrouement ?

L’arrêt du tabac et la baisse de consommation d’alcool sont systématiquement conseillés par l’ORL et il encourage aussi la personne qui en souffre à éviter certains facteurs de risque (environnement sonore très bruyant, pollution atmosphérique ou chimique). Les autres soins recommandés vont dépendre de l’origine de la dysphonie.
• En cas de laryngite aiguë infectieuse, le traitement consiste surtout à reposer sa voix et à prendre des anti-inflammatoires par voie générale ou locale (aérosols), notamment des corticoïdes. Si l’infection est bactérienne, des antibiotiques seront prescrits.
• En cas de surmenage vocal, une mise au repos est nécessaire. Il faut éviter de crier, de toussoter continuellement ou de passer une nuit blanche, pour de ne pas sur-utiliser ses cordes vocales. L’humidification de l’air de son domicile peut permettre d’éviter un dessèchement de la gorge.
Si l’enrouement survient sur un défaut de technique d’élocution, cela nécessitera l’apprentissage de nouvelles techniques basées sur la respiration, chez un phoniatre, un orthophoniste, dans un cours de diction ou auprès d’un professeur de chant.
Pour éviter les récidives, il est aussi possible d’apprendre à mieux contrôler son stress en utilisant par exemple la respiration abdominale (mobilisant les muscles abdominaux). Il vaut mieux ne pas prendre un médicament que l’on ne connaît pas sans l’avis de son médecin traitant, en raison de leurs effets secondaires toujours possibles sur la voix.
• En cas de reflux gastro-œsophagien, un traitement spécifique, antiacide, est nécessaire. Il sera prescrit par le médecin traitant après un examen général et une endoscopie de l’œsophage et de l’estomac. Il est également possible de prendre des antiacides à la fin des repas, il ne faut pas se coucher juste après un repas et il faut surélever la tête de son lit. Dans tous les cas, un amaigrissement est nécessaire en cas de surcharge pondérale.
• En cas de tumeur bénigne (polype, nodule, granulome) des cordes vocales, le traitement des petits nodules repose le plus souvent sur une rééducation orthophonique, qui peut suffire à faire disparaître les lésions.
Si les nodules persistent ou grossissent, le médecin ORL proposera une microchirurgie, pour améliorer la voix. Cette intervention consiste à retirer les nodules au bistouri ou au rayon laser, au cours d’une laryngoscopie directe. Cette opération, courante et rapide, est aussi prescrite pour l’ablation de polypes et granulomes.
• En cas de paralysie vocale, le médecin prescrira un traitement adapté en fonction de la cause de votre affection. Celui-ci est souvent complété par une rééducation chez l’orthophoniste, qui a comme objectifs de corriger la voix, de diminuer les « fausses routes » alimentaires (inhalation de morceaux d’aliments ou de liquides qui auraient dû rejoindre l’œsophage) et d’augmenter l’efficacité de la toux (dont le rôle naturel est de protéger les voies aériennes en cas d’inhalations de particules et d’éliminer les sécrétions produites).
• En cas de cancer du larynx, le malade sera pris en charge par une équipe d’oncologie pluridisciplinaire. Le plus souvent, ce cancer est traité par la chirurgie, qui est complétée par la radiothérapie et la chimiothérapie.

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