Cerveau

Vivre dans un quartier défavorisé augmenterait le risque de démence

Pollution, précarité, manque d'accès aux ressources... Une étude américaine révèle que vivre dans un quartier défavorisé pourrait altérer la santé du cerveau et augmenter le risque de démence.

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  • 17 Octobre 2025
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    Là où nous vivons peut-il influencer la santé de notre cerveau ? C'est ce que suggère une nouvelle étude américaine de la Wake Forest University School of Medicine, publiée dans la revue Alzheimer’s & Dementia: Behavior & Socioeconomics of Aging. Les chercheurs y révèlent que les conditions sociales et environnementales de votre quartier pourraient avoir des effets mesurables sur votre cerveau, et même augmenter votre risque de démence. Un mal qui touche au moins 1,2 million de personnes en France, selon Santé publique France, et 57 millions de personnes dans le monde, selon l'OMS.

    Un lien entre environnement et marqueurs de la démence

    En analysant les données de 679 adultes participant à la Healthy Brain Study, les chercheurs ont croisé les résultats d’IRM cérébrale et d’analyses sanguines avec trois indices nationaux mesurant les conditions de vie selon le code postal : l’Indice de privation matérielle et sociale, l’Indice de vulnérabilité sociale et l’Indice de justice environnementale – des outils qui mesurent le niveau de précarité, la pollution, le manque d'accès aux ressources...

    Les scientifiques ont constaté que les personnes qui vivaient dans les quartiers les plus défavorisés selon ces trois indicateurs présentaient davantage de signes précurseurs de démence. Parmi eux, un amincissement du cortex cérébral, des altérations de la substance blanche (liées aux maladies vasculaires), une baisse du flux sanguin cérébral ou encore une circulation sanguine irrégulière. Des changements qui peuvent affecter la mémoire et les fonctions cognitives avec le temps.

    Sans grande surprise aux Etats-Unis, où la séparation et les inégalités entre les groupes ethniques sont flagrantes, l’effet était particulièrement marqué chez les participants afro-américains vivant dans des quartiers cumulant de nombreux déficits sociaux et environnementaux.

    Les inégalités laissent une empreinte dans le cerveau

    "Cette étude rejoint d'autres travaux montrant que l'environnement social dans lequel les gens vivent peut façonner leur santé cérébrale de manière profonde. C’est l'une des premières à relier des facteurs sociaux liés au lieu de vie à des marqueurs biologiques avancés de la démence", comme la maladie d'Alzheimer, expliquent les auteurs dans un communiqué. Ils soulignent que ces facteurs sont souvent négligés dans les mesures publiques de prévention.

    "Si nous voulons vraiment améliorer la santé cérébrale de toutes les communautés, nous devons aller au-delà des choix individuels et nous concentrer sur les systèmes et les structures qui influencent la santé à l’échelle des quartiers", concluent les chercheurs. Pour le bien de notre cerveau, ils appellent donc à défendre "l’accès à un air propre, à des logements sûrs, à une alimentation saine, ainsi qu’à des opportunités économiques". Une piqûre de rappel sur l’importance des politiques publiques.

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