Santé féminine
Pilule contraceptive : pourquoi certaines femmes ont plus d’effets secondaires ?
Les femmes qui craignent les effets secondaires lorsqu’elles prennent la pilule ont plus de risque d’en avoir, selon une nouvelle étude.

- Par Sophie Raffin
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- Rattankun Thongbun/istock
L’effet nocebo est l’inverse de l’effet placebo. C’est-à-dire que les craintes ou réticences d’un patient sur son traitement, peuvent entraîner l’apparition des symptômes ou des effets secondaires redoutés. Ce phénomène est particulièrement observé avec la pilule contraceptive, selon une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’université de Sheffield et publiée dans la revue Perspectives on Sexual and Reproductive Health. L’équipe britannique a décidé d’étudier les pilules contraceptives et leurs effets secondaires, après avoir découvert que plusieurs études internationales suggèrent qu’environ deux femmes sur trois arrêtent leur contraception orale au cours des deux années suivantes pour se tourner vers des méthodes alternatives moins efficaces. Les chercheurs ont souhaité évaluer l’impact de l’image négative de ce traitement sur l'expérience des patientes. Ils ont ainsi recruté 275 femmes âgées de 18 à 45 ans. Toutes avaient pris la pilule à un moment ou un autre au cours des 18 mois précédents. Elles ont dû répondre à un questionnaire sur les effets secondaires rencontrés et leur opinion sur les médicaments ainsi que leur utilisation. Pendant les 18 mois de l’étude, plus de 9 participantes sur 10 ont signalé au moins un effet secondaire. 126 femmes (45,8 %) ont arrêté la pilule, et 42 d'entre elles ont opté pour une autre méthode de contraception. L’analyse des données a mis en lumière quatre facteurs psychologiques augmentant le risque des femmes de subir des effets secondaires négatifs. Le plus fort est d’avoir des attentes négatives dès le départ et penser que la pilule peut être nocive. Viennent ensuite par ordre d'importance :Pilule contraceptive : quatre facteurs psychologiques font grimper le risque d’effets secondaires
"Les attentes selon lesquelles un médicament aura d'emblée un effet négatif sont susceptibles d'être auto-réalisatrices. Ces attentes négatives peuvent être renforcées par la perception que les médicaments sont généralement nocifs ou surutilisés, ou par des messages négatifs dans les médias", soulignent les auteurs dans un communiqué. Les effets secondaires pouvant être liés à l’effet nocebo relevés par les chercheurs étaient principalement la dépression, l'anxiété et la fatigue.
Contraception : prendre en compte l’effet nocebo lors de la prise en charge
Maintenant qu’ils ont mis en lumière l'existence et l’importance de l’effet nocebo pour la pilule contraceptive, les chercheurs reconnaissent qu’il faut le prendre en compte et mieux informer les patientes.
"Il est important de reconnaître comment les expériences de certaines femmes en matière de contraception orale sont affectées par l'effet nocebo. Grâce à ces informations, les patientes peuvent prendre des décisions plus éclairées concernant leur utilisation de la contraception orale", remarque Lorna Reid, auteure principale de l'étude de l'Université de Sheffield. "C'est particulièrement le cas pour les jeunes femmes qui peuvent être exposées à des messages plus négatifs concernant l'utilisation de la pilule en raison d’une plus grande utilisation des plateformes médiatiques".