Sommeil
Cauchemars : les produits laitiers en cause ?
Des experts du sommeil suggèrent un lien entre cauchemars et intolérance au lactose, probablement en raison des symptômes digestifs qu'elle provoque pendant la nuit.

- Par Stanislas Deve
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Mieux vaut éviter le plateau de fromages avant de dormir. C’est, en substance, la conclusion d’une nouvelle étude menée par l’Université de Montréal, au Canada, qui suggère un lien surprenant entre intolérance au lactose et cauchemars. Les produits laitiers, longtemps accusés de déranger le sommeil, pourraient bien avoir un rôle plus perturbateur qu’on ne le pensait.
Des troubles digestifs aux mauvais rêves
L’enquête, publiée dans Frontiers in Psychology, a interrogé pendant quatre mois plus de 1.000 étudiants sur leurs habitudes alimentaires, leur qualité de sommeil et leurs expériences oniriques. Un tiers d’entre eux ont déclaré faire régulièrement des cauchemars. Or, chez les participants intolérants au lactose, ces mauvais rêves étaient plus fréquents et plus intenses. "La gravité des cauchemars était fortement associée à l’intolérance au lactose et à d’autres allergies alimentaires", note le Dr Tore Nielsen, auteur principal de l’étude, dans un communiqué.
Les desserts/sucreries et les produits laitiers ont été cités comme les aliments affectant le plus la qualité de leur sommeil (respectivement 22,7 % et 15,7 %) et leurs rêves (29,8 % et 20,6 %) en les rendant "bizarres" ou "perturbants", précise un article de l’AFP. Au contraire, les fruits, les légumes et les tisanes ont été le plus souvent identifiés comme contribuant à une bonne nuit.
Comment l’expliquer ? On sait que les sensations corporelles influencent les rêves. En ce sens, les douleurs gastriques ou les gaz provoqués par la digestion pourraient interagir avec les processus oniriques, perturbant les rêves et le sommeil. "Les cauchemars sont pires chez les personnes intolérantes au lactose qui souffrent de symptômes gastro-intestinaux et dont le sommeil est perturbé", explique ainsi Nielsen. Ces troubles digestifs provoquent des réveils en pleine nuit et une sensation de mal-être, pouvant même entraîner des comportements d’évitement du sommeil.
Une nouvelle piste pour mieux dormir ?
Puisque cette association entre intolérance alimentaire et mauvais sommeil se confirme, un simple changement de régime pourrait améliorer la qualité des nuits. D’après le chercheur, "ces résultats impliquent que modifier les habitudes alimentaires chez certaines personnes sensibles pourrait réduire les cauchemars". En effet, bien que seuls 5,5 % des participants aient clairement lié leur alimentation à leurs rêves, beaucoup ont cité les produits laitiers, les sucreries ou les plats épicés comme responsables de leurs nuits agitées.
Une nuance : l'étude reste observationnelle, et la relation entre alimentation et sommeil n’est pas encore totalement comprise. Est-ce une mauvaise alimentation qui dégrade le sommeil, ou est-ce que les gens mangent moins bien parce qu’ils dorment mal ? Ou bien existe-t-il un autre facteur commun aux deux ? Pour y répondre, l'équipe prévoit de mener des expériences plus poussées, en comparant par exemple l'effet du fromage à un aliment neutre sans lactose avant le coucher.