Rhumatologie

Chondrocalcinose : les corticoïdes et la colchicine aussi efficaces sur la poussée

Une étude randomisée montre une équivalence d'efficacité entre la colchicine à faible dose et la prednisone par voie orale à la phase articulaire aiguë d’une chondrocalcinose articulaire.

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  • 18 Nov 2022
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    Le consensus de traitement des arthrites aiguës dans le cadre d’une chondrocalcinose articulaire (CCA) repose principalement sur des avis d'experts, car il n'existe aucun essai ayant évalué l'efficacité des différents anti-inflammatoires, malgré la fréquence élevée de cette maladie chez les personnes âgées et fragiles.

    Dans l'étude COLCHICORT, la prednisone semble avoir un léger avantage sur la colchicine contre la douleur aiguë des patients atteints d'arthrite aiguë à cristaux de pyrophosphate de calcium de la CCA, une maladie extrêmement douloureuse. C'est le résultat de cette étude randomisée présentée dans une « Oral abstract session » lors du congrès annuel 2022 de l'American College of Rheumatology.

    Même réduction de la douleur à 24 heures

    Parmi les 111 patients atteints d'arthrite aiguë de CCA qui ont été randomisés entre un groupe prednisone 30 mg/jour ou un groupe colchicine 1,5 mg/jour dans une étude multicentrique, deux jours de traitement avec ces 2 anti-inflammatoires apportent un soulagement équivalent de la douleur le deuxième jour, et les patients ont généralement bien toléré chaque médicament.

    Après 24 heures seulement, la réduction de l'EVA douleur est de -36,6 ±32,1 mm dans le groupe colchicine et de -37,7±19,4 dans le groupe prednisone. La différence de changement de la douleur (EVA) à 24h entre la prednisone et la colchicine est de -1,17 mm [-11,88 ; 9,54] montrant l'équivalence entre les 2 médicaments.

    Une équivalence qui persiste à 6 jours

    L'amélioration de la douleur est similaire entre les groupes tout au long des 6 jours de suivi. Il y a 64,6% de répondeurs dans le groupe colchicine et 66,7% dans le groupe prednisone à 24h (p=1), et 63% et 72,7% dans les deux groupes à 48h (p=0,45), respectivement.

    Des effets indésirables sont observés chez 50,9% patients du groupe colchicine (n = 28) et 37% dans le groupe prednisone (n = 20) (p=0,21). Le principal effet indésirable dans le groupe colchicine est la diarrhée (n = 15 soit 26,3 % vs n = 4 soit 7,3 %) alors qu'il s'agit d'une hypertension (n = 7 soit 12,7 % vs n = 1 soit 1,8 %), d'une hyperglycémie (n = 3 soit 5,5 % vs n = 0 soit 0 %) et d'une insomnie (n = 3 soit 5,5 % vs n = 0 soit 0 %) dans le groupe prednisone, toutes résolutives.

    1ère étude randomisée dans l’arthrite aiguë de CCA

    L'essai français COLCHICORT, randomisé, multicentrique, en ouvert, a inclu des patients âgés de plus de 65 ans avec un débit de filtration glomérulaire estimé supérieur à 30 ml/min par 1,73 m2 et avec une arthrite aiguë due à des dépôts de pyrophosphate de calcium, les symptômes étant apparus dans les 36 heures précédentes. L'arthrite aiguë de la chondrocalcinose articulaire a été définie par l'identification de cristaux de pyrophosphate de calcium lors de l'analyse du liquide synovial ou par une présentation clinique typique avec des signes de chondrocalcinose articulaire sur des radiographies ou des échographies.

    Les participants ont été randomisés pour recevoir soit de la colchicine à 1,5 mg au début de l'étude (1 mg au début, puis 0,5 mg une heure plus tard) puis 1 mg le jour 1, soit de la prednisone par voie orale à 30 mg au début de l'étude et le jour 1. Les patients ont également reçu 1 g de paracétamol et trois doses de 50 mg de tramadol au cours des 24 premières heures.

    Selon l’orateur, le Dr Tristan Pascart (Lille), près de trois quarts des patients sont considérés comme de bons répondeurs aux deux anti-inflammatoires au 3ème jour, et, peut-être, que la tolérance est le critère-clé qui distingue les deux traitements à la phase aiguë : la colchicine est généralement bien tolérée, mais même avec une durée de traitement très courte, un patient sur cinq souffre néanmoins de diarrhée, ce qui peut être un problème dans cette population âgée à risque de déshydratation. Ces résultats ne s’appliquent bien évidemment pas à la prise en charge des douleurs articulaires chroniques de la CCA.

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    JDF