Rhumatologie

Rhizarthrose : bénéfice démontré d’un auto-traitement conservateur combiné

Dans la rhizarthrose, un traitement combiné, auto-adaptés par chaque patient, peut améliorer significativement et cliniquement la douleur et la fonction articulaire. Ces traitements pourraient avoir un effet bénéfique sur le long terme.

  • Ljupco/istock
  • 02 Avril 2021
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    Les personnes souffrant de rhizarthrose (arthrose de la base du pouce) qui reçoivent un traitement combiné associant AINS topique, attelle, rééducation et ergothérapie, peuvent avoir des améliorations cliniquement significatives de la fonction de leur main dès la 6ème semaine.

    Le traitement combiné comprend une éducation à l'autogestion de la douleur et de l’inflammation basée sur le port d’une attelle et l’application d’AINS topique lors des poussées évolutives, une rééducation de la main (exercices ciblant la force musculaire, la mobilité articulaire et la stabilité) et l’application de techniques d’ergothérapie (épargne articulaire en évitant les gestes à risque et en utilisant des outils compensateurs).

    COMBO (Efficacy of Combined Conservative Therapies on Clinical Outcomes in Patients With Thumb Base Osteoarthritis) est une étude randomisée monocentrique australienne sur 204 personnes qui a comparé le traitement conservateur combiné (AINS topique, attelle, ergothérapie, rééducation) versus éducation seule. Elle est publiée dans le JAMA Internal Medicine.

    Amélioration cliniquement significative

    À la 6ème semaine, la fonction de la main s'améliore significativement plus dans le groupe traitement combiné que dans le groupe de comparaison (différence de 1,7 point entre les deux groupes), tandis que les améliorations de la douleur, si elles sont observées dans les 2 groupes dès la 2ème semaine, restent similaires (-21,5 et -17,3, respectivement, par rapport à 58 mm à l’inclusion ; différence de 4,2 mm entre les deux groupes). L'utilisation d'analgésiques est toutefois moins fréquente entre les semaines 2 et 6 chez les personnes du groupe traitement combiné.

    À la 12ème semaine, les améliorations de la fonction de la main sont toujours significativement plus importantes dans le groupe traitement combiné (2,4 points de différence entre les deux groupes), et les améliorations de la douleur sont également significativement meilleures pour le groupe traitement combiné (-22,2 et -13,6, respectivement 8,6 mm de différence entre les deux groupes).

    Aucun événement indésirable grave n'a été observé, mais 34 événements non graves se soient produits dans le groupe intervention (réactions cutanées et exacerbations de la douleur dues à la rééducation).

    Etude randomisée sur 12 semaines

    Les chercheurs ont randomisé 204 personnes souffrant de rhizarthrose e pour qu'elles reçoivent une éducation sur l'ergothérapie seule (comparateur) ou en combinaison avec une attelle de la base du pouce, des exercices de la main et l’application d’un gel de diclofénac sodique à 1% (intervention). Tous les malades pouvaient prendre du paracétamol à la demande.

    Les principaux critères d'évaluation étaient l'amélioration des scores de la fonction de la main (Functional Index for Hand Osteoarthritis de 0 à 30 points) et de la douleur (échelle visuelle analogique de 0 à 100 mm) après six semaines.

    Selon les auteurs de l'étude, l'une des limites de l'étude est le manque de suivi à long terme que les auteurs ont essayé de compenser avec l’envoi d’un questionnaire fonctionnel 6 mois après. Une autre limite est que de nombreux patients prenaient des AINS per os au début de l'étude (près d’un tiers), souvent pour d'autres maladies.

    Associer les traitements

    L'arthrose touche le plus souvent les mains, parmi lesquelles l'arthrose de la première articulation carpo-métacarpienne (rhizarthrose) représente un défi clinique particulier en raison de son impact sur la fonction de la main et l'efficacité limitée des différents traitements conservateurs.

    Dans la rhizarthrose, un traitement combiné associant les différents moyens thérapeutiques conservateurs disponibles : le port d'une attelle la nuit, l’application régulière d'AINS topiques (et l’éducation sur la façon de s’en servir) ainsi que la pratique d'exercices de rééducation musculaire de la main, peut permettre de faire régresser une poussée inflammatoire d’arthrose et préserver la fonction de la main. Des modifications ergothérapeutiques de l’utilisation de la main (épargne articulaire), acquises par l’éducation des patients, peuvent entraîner des changements de comportement sur le long terme qui peuvent participer à protéger l'articulation.

    Cette étude confirme une fois de plus l’intérêt d’associer les traitements dans l’arthrose, reste à déterminer chez quels malades associer une infiltration intra-articulaire de corticoïdes dans la 1ère carpo-métacarpienne pour accélérer le soulagement de la douleur et la régression de l’inflammation : probablement ceux dont le caractère de la douleur est le plus inflammatoire.

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