Pneumologie

Embolie pulmonaire : le D-dimère n’est pas prédicteur du risque de récidive

Le dosage de D-dimères seul n’est pas prédicteur du risque de récidive d’une embolie pulmonaire isolée après l’arrêt du traitement anticoagulant. Son utilisation n’est pas recommandée en routine dans cette indication.

  • basnik_bna/epictura
  • 01 Juillet 2016
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    Le dosage de D-dimère seul n’est pas recommandé pour apprécier le risque de récurrence d'une embolie pulmonaire isolée à l'arrêt des anticoagulants. C’est l’une des interprétations que l’on peut faire d’une analyse post-hoc de l’étude italienne DULCIS qui avait suivi de façon prospective une cohorte de 1000 patients avec une thrombose veineuse profonde et/ou une embolie pulmonaire.

    Dans cette analyse de sous-groupe, les auteurs de DULCIS ont évalué la valeur des D-dimères chez des patients avec une embolie pulmonaire isolée comparés à ceux avec une thrombose veineuse profonde avec ou sans embolie pulmonaire. L’enseignement que l’on peut tirer de ce travail est que le dosage de D-dimères pris isolément n’est pas un bon prédicteur : négatif, il n’exclut pas une récidive ; positif, il conforte le fait que les patients sont à plus haut risque de récidive. Son rôle s’avère donc modeste. De plus, il doit toujours être interprété en fonction d’autres variables cliniques telles que l’âge. En effet, les patients âgés récidivent plus, quel que soit le taux de D-dimère.

    Pas d’utilisation en routine

     

    En pratique, ce dosage n’est donc pas recommandé car sa valeur prédictive n’est pas suffisante et les résultats de cette étude ne permettent pas de valider l’utilisation des D-dimères en routine. Des scores cliniques existent déjà et d’autres sont développés pour permettre de mieux identifier les malades chez qui il n’est pas nécessaire de prolonger le traitement anticoagulant.

    En fait, les D-dimères pourraient être intéressants chez des patients à risque intermédiaire chez qui se pose la question d’une prolongation du traitement. Un dosage positif constituerait alors un argument supplémentaire pour laisser ces patients sous anticoagulant. Mais cette stratégie demande à être validée.

    De plus, la réalisation pratique est difficile car le dosage doit être réalisé un mois après l’arrêt du traitement.

    Cette étude ne change donc pas les recommandations en cours en France qui sont de ne pas pratiquer les D-dimères pour apprécier le risque de récidive d'une embolie pulmonaire isolée à l'arrêt des anticoagulants. En revanche, elle suggère que chez des patients à risque intermédiaire, ce dosage pourrait être intéressant pour renforcer l’indication d’un traitement pour une durée non limitée.

    D’après un entretien avec le Pr Francis Couturaud, Pneumologue, CHRU de Brest

    Ecoutez...
    Francis Couturaud, CHRU de Brest : « Le D-dimère isolément n’est pas prédicteur du risque de récidive ou du risque de non récidive ; on ne peut pas l’utiliser comme un prédicteur unique… »

    Palareti G, Cosmi B, Antonucci E, Legnani C, Erba N, Ghirarduzzi A, et al. Duration of anticoagulation after isolated pulmonary embolism. Eur Respir J. 25 févr 2016;

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