Pneumologie

Exposition à l’amiante : l’association cancer du poumon/plaques pleurales reste une controverse

La présence de plaques pleurales, suite à une exposition à l’amiante, n’augmenterait pas le risque de cancer du poumon mais ce sujet demeure une controverse par le biais d’études contradictoires. D’après un entretien avec Jean-Claude Pairon.

  • 10 Octobre 2019
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    Une étude parue en août 2019, dans l’American Journal of Respiratory Critical Care Medicine, a cherché à définir la relation entre la présence de plaques pleurales et le risque de cancer du poumon chez les sujets exposés à l’amiante. Deux cohortes de sujets ont été observées. La première cohorte était constituée de 2360 travailleurs miniers australiens et la seconde de 1800 travailleurs exposés professionnellement à l’amiante. Les sujets de la première cohorte ont bénéficié pour 560 d’entre eux d’une tomodensitométrie thoracique et pour les 1800 autres d’une radiographie pulmonaire. Dans la seconde cohorte, 800 sujets ont bénéficié du scanner et 1000 de la radiographie simple. Au total, dans la première cohorte, l’association entre la présence de plaques pleurales sur le canner et le risque de cancer du poumon est apparue non significative et aucun risque n’est apparu dans la seconde cohorte.

     

    La nécessité absolue d’une tomodensitométrie

     

    Le Professeur Jean-Claude Pairon, chef du service des pathologies professionnelles au Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil, explique que l’intérêt de cette étude réside dans le fait que les critères reliant l’exposition à l’amiante et le risque de cancer du poumon sont actuellement très controversés.  Il rappelle que, chez les sujets exposés à l’amiante, la dose conditionne le niveau de risque de cancer du poumon, qui est lui-même majoré par l’intoxication tabagique et le développement d’une asbestose. La question d’une augmentation du risque de cancer pulmonaire liée à la présence de plaques pleurales reste posée. Dans cette étude, on ne retrouve pas d’association plaques pleurales /cancer du poumon, une fois la dose d’exposition à l’amiante et le tabagisme pris en compte. Jean-Claude Pairon précise que ces résultats sont néanmoins contributifs car l’utilisation de la tomodensitométrie confère une solidité à l’étude, malgré sa puissance statistique modeste.

     

    Une étude française contradictoire

     

    Jean-Claude Pairon rappelle que les résultats de l’étude française parue en 2014, dans l’European Respiratory Critical Care Medicine, sont contradictoires puisque un excès de mortalité par cancer du poumon chez les sujets porteurs de plaques pleurales a été constaté, après ajustement avec le tabac et le niveau de dose d’exposition. Le niveau de risque ajusté était de 2,40, donc significativement augmenté. Pour Jean-Claude Pairon, il est nécessaire de définir des populations à risque, en pratique clinique, pour proposer un dépistage du cancer du poumon par scanner thoracique. Les critères entrant dans cette définition sont le niveau cumulé de tabagisme, l’âge et la dose d’exposition professionnelle à des substances cancérogènes. L’inclusion de la présence de plaques pleurales comme critère entrant dans cette définition est l’option prise par les recommandations françaises actuellement publiées.

     

    En conclusion, cette étude n’apporte pas d’argument définitif sur l’augmentation du risque de cancer du poumon chez les sujets exposés à l’amiante et porteurs de plaques pleurales. Actuellement, une expérimentation est mise en place afin d’inclure le critère « plaque pleurale» dans l’identification des sujets à risque de cancer du poumon.

     

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