Pneumologie
Pollution aux particules diesel : les filtres aggravent la réaction allergique
Particules diesels inhalées et allergènes : La réaction allergique paraît plus marquée après l'utilisation d'un filtre à particules. Le mécanisme d’action des particules diésels inhalées sur les allergènes est en cours d’exploration ; D’après un entretien avec Gilles Dixsaut.
Une étude parue en septembre 2019, dans le Journal of Respiratory Critical Care Medicine, a montré que les filtres à particules ont un effet aggravant la réactivité des sujets allergiques aux particules diesels. Les auteurs ont utilisé un système de filtre à précipitation électrostatique et ont sélectionné 14 sujets, âgés de 24 à 50 ans, allergiques aux bouleaux, aux graminés et aux acariens, avec un VEMS normal et réactifs à la métacholine. Neuf de ces sujets étaient considérés comme hyper-réactifs. Les 14 patients ont eu 4 séances de respiration dans une chambre d’inhalation. Un groupe a respiré de l’air filtré avec du chlorure de sodium à 4% , un deuxième groupe a respiré de l’air filtré avec un allergène, un troisième groupe a respiré le même mélange accompagné de gaz d’échappement de véhicules diesel avec des PM 2.5 diluées, et enfin le dernier groupe a respiré ce dernier mélange derrière un filtre à particules.
Des résultats prévisibles en théorie mais surprenants
Le docteur Gille Dixsaut, pneumologue à l’AP-HP et président du Comité de Paris contre les Maladies Respiratoires, explique que cette étude remet en cause des idées reçues mais que ces résultats correspondent néanmoins à ce qui pouvait être attendu en théorie. En effet, les sujets inclus dans le groupe ayant reçu les gaz d’échappement avec le filtre à particules ont eu une réactivité plus importante que celle des autres groupes avec une diminution significative de leur VEMS. Gilles Dixsaut précise que les filtres se comportent comme des trieurs de particules, ce qui pouvait permettre d’anticiper théoriquement ces résultats.
Pourquoi les filtres à particules ne sont-ils pas la solution miracle ?
D’après Gilles Dixsaut, l’augmentation de la réactivité est due à une élévation de la concentration en dioxyde d’azote derrière le filtre à particules, qui intervient sur la concentration de polluants, en divisant, certes, leur diamètre par un facteur 10, mais sans diminuer leur nombre. De plus, il suggère que les filtres modifieraient la répartition spectrale des particules, en bloquant les agrégats mais en laissant libres les particules ultra-fines, plus facilement inhalées, ce qui augmente le risque de réactivité bronchique.
En conclusion, le filtre à particule n’apparait donc pas comme la solution miracle pour régler la réactivité des sujets allergiques aux polluants des véhicules diesel. Certains travaux, à l’éthique discutable, ont été entrepris par des constructeurs automobiles mais les résultats n’ont pas été publiés. Les véhicules diesel les mieux dépollués seraient en fait les moins dépollués…











