Pneumologie
Suspicion d'EP chez une femme enceinte : scinti ou scanner?
Scinti et scanner font jeu égal pour le diagnostic d'une embolie pulmonaire chez une femme enceinte. Telle est la conclusion d’une étude qui a montré des valeurs prédictives négatives de ces 2 examens aux alentours de 100%. Résultats et commentaires de Cécile TROMEUR du CHU de Brest.
- ©123RF-HONGQI ZHANG
Faut-il faire une scintigraphie thoracique ou un angioscanner devant une suspicion d’embolie pulmonaire (EP) chez une femme enceinte ? La question a souvent été débattue, entre la précision et l’efficacité de l’imagerie versus la dangerosité liée à l’irradiation chez une femme dont les symptômes de la grossesse miment ceux de l’EP. De plus, les changements physiologiques de la grossesse peuvent contribuer à de nombreux faux négatifs.
Une étude publiée dans « Chest Journal » a recherché la valeur prédictive négative d’un angioscanner thoracique et d’une scintigraphie de perfusion. Rétrospective, unicentrique, avec un recrutement entre 2008 et 2013, elle a inclus 322 femmes enceintes avec suspicion d’EP. Elles ont bénéficié soit d’un angioscanner thoracique, soit d’une scintigraphie de perfusion basse dose. La scintigraphie était réalisée quand la radiographie pulmonaire était normale, l’angio-scanner quand elle était anormale.
Le critère principal est classique : la survenue d’un événement thrombo-embolique dans les 90 jours qui suivent l’examen qui lui s’était révélé négatif. De même, les critères de la positivité d’un angioscanner et d’une scintigraphie sont standard, se basant sur les conférences de consensus.
Valeur prédictive négative à 100%
Sur les 225 patientes qui ont eu une scintigraphie de perfusion, 2,7 % (6 patientes) étaient positives pour le diagnostic d’EP et 4,1 patients (4 patientes) pour l’angiographie. Le taux de résultats non conclusifs (9,3%) était similaire dans les 2 groupes et relativement faibles par rapport aux données de la littérature.
Au total, concernant le critère primaire, la valeur prédictive négative de la scintigraphie est de 100% et de 97,5% pour l’angioscanner thoracique, puisque 2 EP ont été découvertes dans les 3 mois qui ont suivi l’angioscanner initial ; donc une excellente valeur prédictive négative pour les 2 examens, la différence n’étant pas significative. Une analyse de sous-groupe chez des patientes asthmatiques a donné des résultats similaires.
Choisir en fonction de la disponiblité
Donc cette étude, puissante, faisant partie des rares études comparant les 2 imageries, montre des résultats similaires aux données de la littérature, notamment celles de la dernière revue Cochrane sortie cette année, qui montrait des valeurs prédictives négatives de ces 2 examens aux alentours de 100%. Côté examens non conclusifs, non interprétables, liés aux changements physiologiques, cette étude conclut aussi que les 2 examens ont la même efficacité.
En conclusion le choix de l’examen se fera en fonction de la disponibilité des appareils. Pour l’irradiation, il faut savoir que dans les 2 cas, on est 100 fois au-dessous des seuils d’irradiation qui pourraient causer des lésions foetales. Des résultats rassurants quand on sait qu’une femme qui a une suspicion d’EP doit absolument bénéficier d’un bilan complet.












