Cardiologie
Parodontopathie : un doublement du risque de décès chez le coronarien
La perte de dents chez les coronariens est associée à une augmentation du risque de décès et de décès cardiovasculaire par rapport aux coronariens qui ont toutes leur dents.
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Les relations entre la santé dentaire, particulièrement les gingivites ou parodontopathies, et les maladies cardiovasculaires sont étudiées depuis les 20 dernières années. Une équipe finlandaise s’est attachée à analyser spécifiquement cette relation chez les malades souffrant d’une maladie coronaire établie et à haut risque de récidive.
Dans une étude prospective sur 15 000 malades coronariens (une sous-analyse d’une étude de phase 2 sur un inhibiteur de la Lp-PLA2) il apparaît que le risque de décès cardiovasculaire augmente linéairement avec le niveau d’indentation.
La perte dentaire augmente le risque de décès
Les coronariens issus de 39 pays ont été suivis en moyenne 3,7 ans et ont répondu à différents questionnaires sur les facteurs de risque de leur vie quotidienne, leur état psychologique, leur niveau socio-professionnel et leur niveau d’indentation (divisé en 5 catégories).
Après ajustement sur les facteurs de risque cardiovasculaires et le statut socio-économique, il apparaît que chaque changement de catégorie de perte dentaire est associée à une augmentation de 6% du risque d’événement cardiovasculaire majeur, de 17% du risque de décès cardiovasculaire, de 16% du risque de décès toute cause et de 14% du risque d’accident vasculaire cérébral.
Les « sans-dents » sont à très haut risque
Par comparaison aux coronariens qui ont toutes leurs dents, ceux qui n’ont plus de dents ont une augmentation de 27% du risque d’événement cardiovasculaire majeur, de 85% du risque de décès cardiovasculaire, de 81% du risque de décès toute cause et de 67% du risque d’accident vasculaire cérébral.
Il existe donc une association statistique forte dans une étude bien contrôlée et cette augmentation est linéaire avec l’importance de la parodontopathie évaluée sur le degré d’indentation. Le doublement du risque de décès cardiovasculaire et de décès toutes causes confondues est frappant chez ceux qui n’ont plus de dents en raison d’une parodontopathie.
Les parodontopathies sont un facteur de risque
Les parodontopathies et les maladies cardiovasculaires partagent un certain nombre de facteurs de risque, comme le tabac et le diabète, mais l’analyse multivariée, réalisée dans cette étude, permet d’éliminer ce biais. D’autant que les effectifs des malades sont larges : 16% des coronariens n’avaient plus de dents et la moitié manquait chez 40% d’entre eux. Par contre, il n’a pas été possible d’établir de lien statistique entre le nombre de dents perdues et le risque d’infarctus, en dépit des associations robustes observées avec les autres évènements cardiovasculaires.
Le lien de causalité est impossible à affirmer dans une étude épidémiologique, mais, néanmoins, du fait de la force du lien statistique dans cette étude, compter le nombre de dents pourrait être un moyen assez simple pour identifier les coronariens à haut risque de décès. Par ailleurs, ces résultats sont en faveur d’une bonne hygiène bucco-dentaire chez tout le monde.











