Oto-rhino-laryngologie

Angine virale aiguë : les corticoïdes pas plus efficaces que les antibiotiques

Une étude anglaise démontre qu’une prise unique de corticoïdes à forte dose n’améliore pas vraiment les angines aiguës virales.

  • DURAND FLORENCE/SIPA
  • 19 Avril 2017
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    Chez les personnes souffrant d’une angine virale aiguë qui ne nécessitait pas d'antibiotiques, une seule gélule à 10 mg de dexaméthasone (6 à 20 fois plus efficace que la prednisone) n’améliore pas significativement le pourcentage de patients qui ont une disparition complète des douleurs en 24 heures. Bien que plus de personnes dans le groupe corticoïde se disent complètement améliorées après 48 heures, le rôle joué par ces molécules pour traiter les angines en soins primaires reste incertain. Dans cette étude les antibiotiques n’ont également aucune influence sur la douleur à 24 ou 48 heures. C’est ce qui ressort d’une étude publiée dans le JAMA.

    Une étude randomisée en soins primaires

    Sur 565 personnes randomisées (âge médian de 34 ans), 288 ont reçu de la dexaméthasone (une seule gélule à 10 mg) et 277 un placebo. Une partie des patients n’a pas reçu d’antibiotiques.

    Le critère principal est la disparition des douleurs à la 24e heure (mesurée sur une échelle visuelle analogique de la douleur). Le critère secondaire est la disparition des douleurs à la 48e heure ainsi que les journées de travail ou d’école manquées et les effets indésirables.

    Pas d’amélioration significative à la 24e heure

    A la 24e heure, les personnes qui avaient pris de la dexaméthasone n’ont pas plus de chance d'avoir une disparition complète des douleurs pharyngées (22,6%) que celles recevant le placebo (17,7% ; p=0.14). À la 48e heure, la dexaméthasone s’accompagne plus souvent d’une disparition des douleurs que le placebo (35,4% contre 27,2% ; p=0.03).

    Pas d’intérêt des antibiotiques

    Par ailleurs, les résultats sont identiques que les patients reçoivent un antibiotique ou pas. Il n'y a pas non plus de différence significative sur les autres critères secondaires tels que les jours de travail ou d’école manqués et les événements indésirables.

    Pas plus de complications

    Il n’y a pas de différence entre les 2 groupes concernant les complications infectieuses du pharynx (y compris les cellulites), les sinusites ou les otites moyennes aiguës. La dexaméthasone n’a pas conduit à plus de nouvelles consultations secondaires pour effet indésirable ou complication infectieuse.

    Parmi les 5 événements indésirables graves observés dans l’étude, 2 ont été observés dans le groupe dexaméthasone, dont un a été considéré comme liés à l'essai (admission à l'hôpital avec abcès para-pharyngé) et 3 dans le groupe placebo (admission à l'hôpital avec abcès péri-tonsillaire, admission à l'hôpital avec une amygdalite sévère et admission à l'hôpital avec une pneumonie, avec décès secondaire après la sortie de l’hôpital).

    En pratique

    L’angine aiguë est l'un des motifs de consultation les plus fréquents en soins primaires. Des antibiotiques sont prescrits dans 60% des consultations en Angleterre, malgré les directives nationales. Les auteurs de l’étude ont cherché à identifier des stratégies alternatives visant à réduire les symptômes et la consommation d'antibiotiques.

    Cette étude confirme avant tout que les antibiotiques ne servent à rien dans les angines aiguës d’origine virale en soins primaires. L’efficacité des corticoïdes par voie orale reste également incertaine en cas d’angine aiguë. Dans les cas des angines virales ne requérant pas d’antibiotique, ils ne s’associent pas non plus à une augmentation du risque de complications infectieuses ou autre.

    L’utilisation des corticoïdes afin de réduire la consommation d’antibiotiques au cours des angines virales aiguë n’est donc pas une option très efficace, d’autant que les corticoïdes peuvent s’associer à d’autres complications rares, mais graves, comme les ostéonécroses de hanche.

    Les corticoïdes pourraient avoir un avantage clinique, en plus des antibiotiques, en cas d’angine avec dysphagie importante (chez les patients qui ne peuvent pas avaler les liquides ou les médicaments), mais il n'y a eu aucun essai clinique chez ce type de patients où les complications infectieuses extensives sont probablement plus à redouter. Il vaut peut-être mieux sucer de la glace.

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