Neurologie
Alzheimer : rôle clé des facteurs de risque vasculaire à la cinquantaine
Les facteurs de risque vasculaire de la cinquantaine sont associés à une augmentation du risque de dépôts amyloïdes dans le cerveau 20 ans plus tard.
- sudok1/Epictura
Dans une étude d’imagerie prospective sur 346 personnes sans démence de la cohorte Atherosclerosis Risk in Communities (ARIC), avoir au moins 2facteurs de risque vasculaire en milieu de vie, comparativement à aucun, est associé significativement à un dépôt de peptides amyloïdes plus élevé dans le cerveau (61,2% vs 30,8%). Il n'y a, par contre, pas d'association significative pour les facteurs de risque vasculaire tardifs. Cet article est disponible dans le JAMA.
Une étude d’imagerie prospective sur 20 ans
L'étude d’imagerie sur les dépôt de peptides amyloïdes dans la cohorte de l'athérosclérose en ville (ARIC PET-Amyloid Imaging Study) est une étude de cohorte prospective chez 346 participants sans démence dans 3 communautés américaines (comté de Washington, Maryland, comté de Forsyth, Caroline du Nord et Jackson, Mississippi). Ces personnes ont été évaluées pour les facteurs de risque et les marqueurs vasculaires et suivies depuis 1987-1989 avec un PET-scan cérébral grâce à un nouveau marquer validé des dépôts amyloïdes, le florbetapir, et ce jusqu’en 2015.
Les facteurs de risque vasculaire à l’inclusion (45-64 ans) utilisés dans la cohorte ARIC, étaient : indice de masse corporelle ≥ 30, tabagisme, hypertension, diabète et cholestérol total ≥ 200 mg/dL.
La corrélation entre les dépôts d’amyloïde dans le cerveau (Standardized uptake value ratios ou SUVRs) et les facteurs de risquevasculaires a été évaluée dans des modèles multivariés, comprenant l'âge, le sexe, la race, le génotype APOE et niveau éducatif.
Importance relative du surpoids
Parmi les 322 personnes sans démence et avec des facteurs de risque vasculaire de la cinquantaine à l’inclusion (âge moyen, 52 ans, 58% femmes, 43% noir), le risque de dépôts de peptides amyloïdes (élevé chez 164 [50,9%] participants) a été mesuré plus de 20 ans plus tard (suivi médian, 23,5 ans, intervalle interquartile, 23,0-24,3 ans) lorsque les participants avaient entre 67 et 88 ans (moyenne, 76 ans).
Isolément, seul un indice de masse corporelle élevé en milieu de vie est associé à un dépôt amyloïde significativement élevé (OR = 2,06; IC 95% à 1,16-3,65).
Risque majoré en cas d’association des facteurs de risque
À l’inclusion, 65 participants n'avaient pas de facteurs de risque vasculaire, 123 en avaient 1 et 134 en avaient 2 ou plus. Un nombre plus élevé de facteurs de risque de milieu de vie est associé à un dépôt amyloïde élevé lors de l’évaluation 20 ans après (30,8% [n = 20], 50,4% [n = 62] et 61,2% [n = 82], respectivement).
Après ajustement et par rapport à aucun facteur de risque vasculaire en milieu de vie, l'OR pour avoir un dépôt élevé de peptides amyloïdes s’il n’existait qu’un facteur de risque vasculaire à l’inclusion est de 1,88 (IC 95% à 0,95-3,72). S’il existait 2 facteurs de risque vasculaire ou plus, l’OR est de 2,88 (IC 95% à 1,46 -5,69).
Aucune interaction significative entre la race et le risque n'a été trouvée. Les facteurs de risque vasculaire apparus plus tardivement au cours de la vie ne sont pas associés à une augmentation du risque de dépôt de peptides amyloïdes dans le cerveau (pour ≥ 2 facteurs de risque vasculaire tardifs vs 0 : OR = 1,66 ; IC 95% à 0,75 à 3,69).
En pratique
Des études avaient déjà montré que des facteurs de risque cardiovasculaire comme l’HTA étaient associés à un risque plus élevé de troubles cognitifs et de maladie d’Alzheimer.
Dans cette étude d’imagerie sur un suivi de cohorte sur plus de 20 ans et avec un nouveau marqueur des plaques amyloïdes, il ressort qu’un nombre croissant de facteurs de risque vasculaire de la cinquantaine est significativement associé à un dépôt plus élevé de peptides amyloïdes dans le cerveau alors que cette association n’est pas significative pour les facteurs de risque vasculaires tardifs. Ces résultats sont compatibles avec un rôle de la maladie vasculaire dans le développement de la maladie d'Alzheimer.
On ne sait pas encore exactement pourquoi ces dépôts se produisent mais on suppose que les altérations vasculaires liées aux facteurs de risque sont associées soit à une baisse du drainage des peptides amyloïdes, soit à une ischémie chronique dans les territoire des artères perforantes, ischémie chronique qui peut conduire à une augmentation de l’amyloïdogénèse.
La conclusion pratique est cependant qu’il est nécessaire de dépister et de prendre en charge les facteurs de risque vasculaire de la cinquantaine car il a déjà été démontré que les traiter diminuait le risque de maladie d’Alzheimer.











