cardiologie
L'IA renforce le potentiel pronostic de l'angioscanner coronarien
L'IA dans l'imagerie médicale se révèle incontournable. En témoigne les résultats d'une nouvelle étude en cardiologie. Son intégration dans l'angioscanner développe la valeur pronostique de l'examen pour la survenue des principaux évènements cardio-vasculaire. Illustration.
- mr.suphachai praserdumrongchai/iStock
L’angioscanner coronarien a été proposé comme examen de première intention dans le dépistage de la maladie coronaire en 2013 par la Société européenne de cardiologie. Augmenté par le recours à l’intelligence artificielles, cet examen devrait voir potentialiser ses indications après la présentation d’une étude présentée à l'Association européenne d'imagerie cardiovasculaire (EACVI), une branche de la Société européenne de cardiologie (ESC) le 11 décembre dernier.
L’objectif était d’évaluer la valeur pronostique de la mesure d’un débit coronaire sanguin réduit grâce à un outil d’intelligence artificielle afin de prédire les événements cardiovasculaires. Les infarctus du myocarde (IDM), les revascularisations, et la mortalité chez des patients adressés pour angor ou suspicion de coronaropathie stable constituaient les critères principaux. Ce nouvel outil représente une réelle avancée. A ce jour, l’angioscanner permet de visualiser clairement les obstructions des artères coronaires. Sa capacité à évaluer la réduction du flux sanguin, nécessaire au diagnostic de l'angine de poitrine, est limitée. Mais avec ce nouveau dispositif qui repose sur l'intelligence artificielle, développé pour analyser les images d'angioscanner coronaire et fournir une estimation du débit sanguin, appelée réserve de débit fractionnaire dérivée du scanner (FFR-CT), la valeur pronostique de l’examen est renforcée.
L’étude a utilisé une cohorte observationnelle multicentrique issue de l’étude FISH&CHIPS. Elle a inclus des patients prise en charge dans 27 centres en Angleterre. Les données de 7 836 patients, avec un âge médian de 63 ans, dont 37,4 % de femmes, ont été intégrés et suivis pendant une durée médiane de 3,1 ans. Les valeurs d’FFR-CT ont été catégorisées et corrélées aux événements survenus au cours du suivi. Lorsqu’elle était mesurée à proximité du site de sténose, des valeurs plus basses étaient associées à des taux d'événements cardiovasculaires plus élevés
191 cas d'IDM rapportés
Les résultats montrent qu’au cours du suivi, 191 cas d’IDM ont été rapportés (soit 2,4 %), ainsi que 1 573 revascularisations (20,1 %), 74 décès cardiovasculaires (0,9 %) et 261 décès toutes causes (3,3 %). Des valeurs d’FFR-CT plus basses étaient associées de manière significative à un risque accru d’IDM, de revascularisation, de mortalité cardiovasculaire et de mortalité toutes causes.
À titre d'exemple, un infarctus du myocarde est survenu chez 1,0 % des patients présentant une FFR-CT normale, 2,0 % des patients présentant une FFR-CT limite, 3,9 % de ceux présentant une FFR-CT réduite et 5,2 % de ceux présentant une FFR-CT fortement réduite.
Ces associations sont restées significatives même après ajustement sur des facteurs classiques tels que l’âge et le sexe, soulignant que l’FFR-CT peut offrir une stratification du risque efficace chez les patients souffrant d'angor. Les résultats suggèrent également qu'il existe une relation dose-réponse, où même les valeurs limites d’FFR-CT étaient associées à un pronostic moins bon comparé aux valeurs normales.
Valeur pronostique de l'angioscanner augmenté
Cette étude apporte des preuves convaincantes de la valeur pronostique de l’FFR-CT, soulignant son rôle potentiel dans l’identification des patients à risque élevé d’événements ischémiques et de mortalité après un angioscanner. L’intégration de l’FFR-CT dans l’évaluation diagnostique peut guider la décision thérapeutique, que ce soit par une intensification du traitement médical ou une orientation vers une stratégie invasive chez les patients avec des valeurs d’FFR-CT significativement abaissées.
Cependant, cette étude présente certaines limites. Elle est de nature observationnelle, ce qui soulève des préoccupations concernant les biais de sélection, car elle ne porte que sur 7 836 patients analysés pour FFR-CT sur plus de 90 000 angioscanners. De plus, l'analyse a utilisé un algorithme commercial (HeartFlow). D’où l’inévitable question de son adoption en pratique quotidienne dans un contexte budgétaire limité. Enfin, la durée de suivi de 3,1 ans est modérée et d'autres études avec des suivis prolongés sont nécessaires pour mieux comprendre l’impact sur la mortalité à long terme.











