Rhumatologie

Maladie de Horton : un anti-JAK maintient la rémission à 2 ans

Chez des patients âgés, atteints d’artérite à cellules géantes (maladie de Horton) en rémission depuis au moins 24 semaines, poursuivre le traitement anti-JAK (upadacitinib 15 mg), entre la semaine 52 et la semaine 104 maintient mieux la rémission qu’un switch vers placebo et diminue nettement les rechutes et l’exposition cumulative aux corticoïdes.

  • demaerre/istock
  • 26 Octobre 2025
  • A A

    L’artérite à cellules géantes (ou maladie de Horton) reste une urgence inflammatoire dont le contrôle repose encore largement sur les corticoïdes, au prix d’effets indésirables fréquents. Les inhibiteurs de JAK, dont l’upadacitinib (un anti-JAK-1), offrent une voie ciblée susceptible de limiter l’inflammation et l’exposition aux corticoïdes.

    Dans SELECT-GCA (phase 3), l’upadacitinib 15 mg avait déjà montré, à 52 semaines, davantage de rémissions, moins de poussées et une moindre consommation de corticoïdes que le placebo. L’analyse à 2 ans interroge la stratégie au-delà d’un an de traitement : poursuivre l’upadacitinib 15 mg ou l’arrêter après rémission prolongée ? Parmi les patients en rémission continue d’au moins 24 semaines à la semaine 52, 68,6 % de ceux poursuivant l’upadacitinib 15 mg étaient toujours en rémission à la semaine 104, contre 28,6 % chez ceux après switch vers placebo.

    Selon les résultats présentés au congrès 2025 de l’American College of Rheumatology, le maintien de l’upadacitinib 15 mg réduit d’environ 90 % le risque de poussée entre les semaines 52 et 104, confirmant l’intérêt d’une exposition prolongée pour stabiliser la maladie et contenir la prescription de corticoïdes.

    Au-delà de la rémission, l'épargne corticoïde

    Sur 428 patients randomisés et traités en période 1, 181 (42 %) ont atteint une rémission prolongée et sont entrés en période 2 (placebo continu n=34 ; upadacitinib 7,5 mg continu n=30 ; upadacitinib 7,5 mg vers placebo n=14 ; upadacitinib 15 mg continu n=68 ; upadacitinib 15 mg vers placebo n=35). La complétion de l’étude a été élevée (91 %), avec 82 % restant sous traitement à l’étude.

    Outre le maintien de la rémission, l’upadacitinib 15 mg en continu améliore la plupart des critères liés aux poussées et diminue l’exposition cumulative aux corticoïdes d’environ 1 g durant la période 2, par rapport au switch vers placebo. Les comparaisons de dose suggèrent un profil globalement cohérent pour l’upadacitinib 7,5 mg, mais l’effet le plus marqué est observé avec l’upadacitinib 15 mg par jour.

    En termes de tolérance, chez les patients poursuivant le même traitement, les évènements indésirables graves sont moins fréquents sous upadacitinib que sous placebo. Versus placebo, l’upadacitinib 15 mg s’accompagne de moins d’infections graves, mais de plus de zona et d’élévations des CPK. Un épisode de maladie thromboembolique veineuse (MTEV) est survenu sous upadacitinib 15 mg chez un patient multi-à-risques ; aucun évènement cardiovasculaire grave (MACE) ni décès n’a été rapporté en période 2. Ces signaux invitent à une pharmacovigilance ciblée (zona, CPK, facteurs pro-thrombotiques) sans remettre en cause le bénéfice clinique observé.

    Une maladie inflammatoire de longue durée

    SELECT-GCA comprenait deux périodes randomisées et en double aveugle : une période 1 de 52 semaines (upadacitinib 15 mg ou upadacitinib 7,5 mg une fois/jour avec réduction de la corticothérapie sur 26 semaines, ou placebo avec réduction de la corticothérapie sur 52 semaines), puis une période 2 de 52 semaines réservée aux patients en rémission protocolaire (absence de signes/symptômes d’ACG et respect du taper), re-randomisés pour poursuivre la même dose ou passer au placebo ; les sujets initialement sous placebo poursuivaient placebo.

    Les critères d’efficacité jusqu’à la semaine 104 incluaient la rémission (en période 2 : sans symptômes ni GC), les poussées et l’exposition cumulative aux GC. La sécurité rapportée correspond aux TEAE ajustés à l’exposition chez les patients restés sous le même traitement. Cette architecture, rigoureuse et pragmatique à la fois, renforce l’interprétabilité causale de l’effet de maintien, mais la généralisabilité reflète des patients ≥50 ans, à âge moyen 71 ans, déjà sélectionnés par une réponse initiale et une adhérence suffisante pour entrer en période 2.

    Selon les auteurs, chez un patient âgé en rémission stable après induction, il serait préférable de poursuivre le traitement par upadacitinib plutôt que l’arrêter pour prévenir les rechutes et réduire la corticothérapie, sous réserve d’une prévention du zona et d’une surveillance des CPK et des facteurs thromboemboliques.

    Les perspectives incluent des essais comparatifs de stratégies de maintien (durée optimale, fenêtres d’allègement), des analyses par phénotype vasculaire (céphalées/scalp vs atteinte large-vaisseaux), et des études de désescalade guidée par biomarqueurs et imagerie. À l’échelle des services, l’intégration d’UPA15 dans les associations thérapeutiques d’épargne cortisonique pourrait devenir un standard pour l’ACG rémittente, tout en personnalisant le suivi de sécurité.

     

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.