Nutrition
COVID long : un régime diététique anti-inflammatoire potentiellement efficace
Chez des patients souffrant d’un COVID long persistant, un régime anti-inflammatoire de 12 semaines (LC-ITIS) est faisable malgré la fatigue et le brain fog. On observe des améliorations cliniques significatives (fatigue, sommeil, fonctions cognitives, humeur) et une baisse modeste de l’IMC, justifiant un essai randomisé de plus grande envergure.
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Avec plus de 777 millions d’infections aiguës au COVID-19 (avril 2025), 10–30 % des patients rapportent des symptômes prolongés (PASC) associant fatigue, dysfonction cognitive, malaise post-effort et troubles du sommeil. Dans un contexte de traitements médicaux spécifiques encore limités et d’hypothèses physiopathologiques impliquant inflammation et auto-immunité, la modulation alimentaire émerge comme levier plausible via le microbiote.
Rapportée au congrès 2025 de l’American College of Rheumatology, une étude pilote évalue sur 12 semaines la faisabilité d’un régime anti-inflammatoire (LC-ITIS), dérivé d’un protocole validé dans la polyarthrite rhumatoïde, et explore le résultat clinique associé.
Le résultat essentiel est double : adhésion élevée (91 % à S2, 94 % maintenue jusqu’à S12 chez les observants) et amélioration statistiquement significative de la fatigue, du sommeil, des fonctions cognitives et de la symptomatologie dépressive, soutenues par une réduction moyenne de l’IMC de 28,8 à 27,8 en 12 semaines.
Au-delà du principal : adhésion, acceptabilité et bénéfices cliniques
Sur 23 patients inclus, 2 se sont retirés avant le démarrage de l’étude ; 21 ont complété la phase initiale de 2 semaines avec évaluations pré/post, et 71 % ont mené le programme jusqu’à 12 semaines. La cohorte comptait 66 % de femmes, 57 % de Caucasiens, 24 % d’Hispaniques, âge moyen 53,3 ± 15 ans (25–78). La moitié (50 %) a déclaré un changement diététique majeur en fin d’étude.
L’acceptabilité est élevée : 69 % jugent les consignes faciles/ très faciles, et 49 % jugent le régime lui-même facile/ très facile à suivre. Sur le plan clinique, les améliorations significatives concernent la fatigue, le sommeil, la fonction cognitive et l’humeur dépressive. L’ampleur de l’effet n’est pas fournie numériquement, mais le sens concordant des différents domaines, associé à l’amincissement modeste (−1 point d’IMC en moyenne), plaide pour un bénéfice symptomatique. Les marqueurs inflammatoires ont été collectés mais ne sont pas rapportés ici.
D’où viennent ces données ? Ce que l’on peut en faire
Les participants avaient une infection Covid-19 confirmée et au moins deux symptômes nouveaux (troubles du sommeil, « brain fog », fatigue > 5/10) persistant > 12 semaines. Le régime LC-ITIS privilégiait des aliments riches en nutriments anti-inflammatoires et un ratio oméga-6/oméga-3 favorable (p. ex. graines de lin/ chia, miso), en restreignant les aliments ultra-transformés, les sucres ajoutés et les solanacées. Les critères cliniques, l’adhésion et les marqueurs inflammatoires ont été mesurés selon un plan pré-/post- avec analyses par ANOVA et modèles mixtes (logiciel SPSS).
En tant qu’étude pilote non randomisée, avec effectif restreint et attrition (29 % entre S2 et S12), sa représentativité est limitée ; des biais de sélection, une auto-déclaration de l’adhésion et l’absence de groupe contrôle empêchent toute inférence causale ferme, d’autant que les biomarqueurs ne sont pas communiqués.
Selon les auteurs, chez un patient souffrant d’un Covid long, motivé, sans restriction nutritionnelle particulière, il est possible de proposer temporairement un régime anti-inflammatoire structuré en association avec l’éducation à l’économie d’effort, la prise en charge du sommeil et la réadaptation graduée non symptom-triggering, avec un suivi rapproché des apports, du poids et des carences potentielles. L’accent doit être mis sur la densité nutritionnelle, l’équilibre oméga-6/oméga-3 et la réduction des ultra-transformés, en individualisant selon préférences, contraintes culturelles et comorbidités.











