Gastro-entérologie

Diverticulite : un mode de vie sain neutraliserait le poids des gènes

L’adoption combinée de cinq habitudes protectrices : maintien d’un poids normal, absence de tabac, activité physique régulière, alimentation riche en fibres et pauvre en viande rouge, réduirait de 50 % le risque de diverticulite. Cette baisse, constatée chez plus de 179 000 adultes suivis pendant vingt ans, perdure même chez les sujets génétiquement les plus exposés.

  • Panuwat Dangsungnoen/istock
  • 10 Jul 2025
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    La diverticulite, inflammation aiguë de diverticules coliques, figure au sixième rang des hospitalisations digestives et reste un motif fréquent de colectomie d’urgence. Environ la moitié de sa susceptibilité est d’origine héréditaire, mais l’ampleur du rôle compensateur des habitudes de vie restait incertaine. Les auteurs ont exploité trois grandes cohortes prospectives (Nurses’ Health Study, NHS II et Health Professionals Follow-up Study) totalisant 179 564 infirmières et professionnels de santé. Un score de mode de vie sain (0 à 5) a été construit à partir de l’IMC, du tabagisme, de l’activité physique, de l’apport en fibres et de la consommation de viande rouge, puis combiné à un score polygénique disponible pour 36 077 participants.

    Selon les résultats publiés dans Gut, sur 10 299 cas incidents de diverticulite, un score comportemental maximal diviserait l’incidence par deux (HR 0,50 ; IC à 95 % 0,44-0,57 ; p < 0,0001), chaque point supplémentaire conférant une réduction relative d’environ 12 % indépendamment du niveau de risque génétique.

    Une protection dose-dépendante

    Examinées séparément, les composantes du score conservent leur influence : par rapport aux sujets de poids normal, le surpoids augmente l’incidence de 32 % et l’obésité de 44 %; les ex-fumeurs et fumeurs actifs affichent respectivement + 17 % et + 13 % versus les non-fumeurs. À l’inverse, appartenir au quintile supérieur d’activité physique réduit le risque de 16 %. Chaque décile supplémentaire d’apport fibreux l’abaisse de 14 %, tandis qu’une portion quotidienne additionnelle de viande rouge l’élève de 9 %.

    La robustesse de l’association a été confirmée dans la Southern Community Cohort Study (30 750 participants, 2 183 cas) où un score 3-5 se traduit par une réduction de 31 %, indépendamment de l’origine ethnique. L’analyse combinée révèle qu’un sujet à haut risque génétique mais mode de vie sain (score 4-5) voit son risque abaissé de moitié, alors que la combinaison « haut risque + score 0-1 » multiplie ce risque par cinq. Aucun problème de tolérance n’a été relevé, l’étude étant purement observationnelle.

    De la prévention universelle à la médecine de précision

    Les variables comportementales ont été mises à jour tous les deux ans par questionnaires validés, et chaque épisode de diverticulite confirmé par revue des dossiers ou imagerie, limitant les biais de classification. L’effet protecteur d’un score élevé a été reproduit dans la Southern Community Cohort Study, riche en minorités ethniques, puis corroboré dans la biobanque hospitalière Mass General Brigham, renforçant la validité externe. Les limites résident principalement dans l’auto-déclaration des comportements et le contexte nord-américain.

    Selon les auteurs, ces données légitiment l’intégration systématique du conseil diététique, de la gestion pondérale, de l’arrêt du tabac et de la promotion de l’activité physique dans la prévention primaire de la diverticulite, y compris chez les patients à haut risque génétique. Sur le plan de la recherche, elles ouvrent la voie à des essais randomisés combinant interventions sur le mode de vie et stratification polygénique afin de confirmer la causalité et d’évaluer la faisabilité d’une prévention de précision à grande échelle.

     

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    JDF