Diabétologie

Diabète de type 2 : responsabilité directe de la graisse abdominale

Une randomisation mendélienne démontre la responsabilité directe de l'obésité abdominale dans l’apparition d’un diabète de type 2 et d’une coronaropathie, et ceci indépendamment de l'indice de masse corporelle (IMC).

  • luislouro/epictura
  • 15 Février 2017
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    Une analyse mendélienne sur les données de la UK Biobank et de quatre autres grandes cohortes (GIANT, GLCC, MAGIC, CKDGen) montre qu’un rapport tour de taille/tour de hanches génétiquement déterminé comme étant plus élevé est associé à un risque augmenté de diabète de type 2 et de coronaropathie.

    Il apparaît que chaque augmentation génétiquement déterminée de 1 écart-type (SD) du rapport tour de taille/tour de hanches est associée à une augmentation significative de 1,73 fois du risque de diabète de type 2 parmi les 111 986 participants de la UK Biobank et une augmentation de 1,79 fois du risque de diabète de type 2 parmi les 149 821 participants du programme DIAGRAMME.

    De même, on observe une augmentation respectivement de 1,64 et de 1,42 fois des risques pour la coronaropathie dans la UK Biobank et dans CARDIOGRAMplusC4D (184 305 participants). Cette étude est publiée dans le JAMA.

    Une étude mendélienne

    A partir des sonnées de l’étude du Génome-Wide Investigation of Anthropometric Traits (GIANT) Consortium, un score de risque polygénique pondéré sur 48 polymorphismes a été établi pour le risque d’avoir un rapport tour de taille/tour de hanches élevé, et il a ensuite été ajusté sur l'IMC.

    Ce score de risque génétique d’avoir un rapport tour de taille/tour de hanches élevé a été ensuite appliqué dans 2 autres grandes cohortes génétiques pour rechercher son influence sur diverses maladies. Ce type analyse mendélienne permet d’étudier l’impact réel de différents facteurs de risque indépendamment de l’effet des médicaments ou des biais inhérents aux études épidémiologiques.

    Le score de risque mendélien, du fait de sa pondération sur 48 polymorphismes, est cependant associé à des facteurs confondants potentiels, tels que le tabagisme, la consommation d'alcool et l'activité physique.

    Un impact sur d’autres facteurs de risque

    Les données de la UK Biobank et de quatre autres grandes cohortes (GIANT, GLCC, MAGIC, CKDGen) montrent également qu’un risque de rapport tour de taille/tour de hanches génétiquement élevé est associé à une augmentation de la pression artérielle et à des anomalies des mesures des triglycérides, des lipoprotéines de haute densité (HDL), et de la glycémie à 2 heures. Par contre, la fonction rénale n'est pas affectée.

    Chaque augmentation d’un écart-type du rapport tour de taille/tour de hanches est associée à une augmentation de 0,42 SD des triglycérides et de 0,40 SD de la glycémie à 2 heures, ainsi qu’à une réduction de 0,39 SD du HDL-cholestérol.

    En pratique

    La randomisation mendélienne consiste à randomiser les malades en fonction de leur risque génétique pour une anomalie définie, généralement un facteur de risque. Dans le cas présent, c’est le risque d’avoir un rapport tour de taille/tour de hanches élevé qui a permis de comparer les malades à risque génétique d’avoir un rapport tour de taille/tour de hanches élevé par rapport à ceux qui ont un risque génétique faible.

    Ces résultats suggèrent que la distribution de graisse corporelle, au-delà de la simple mesure de l'IMC, pourrait expliquer une partie du risque augmenté de diabète de type 2 et de coronaropathie, à la fois chez les personnes et à l’échelle des populations.

    La randomisation mendélienne commence lentement à générer des données intéressantes pour la clinique et la santé publique et son utilisation devrait être vivement encouragée avant de s'engager dans des essais cliniques de grande taille : c’est pour n’avoir pas su faire la différence entre facteur de risque et indicateur de risque que les grands essais sur l’augmentation du HDL-cholestérol ont été un échec retentissant.

    Par ailleurs, en termes de santé publique, il est avéré qu’il est difficile de réduire l'obésité par les différentes interventions actuellement disponible, et il en va de même pour l’obésité abdominale. Dans ces conditions, les études de prévention primaire devraient mettre l’accent sur les interventions vis-à-vis des facteurs de risque qui sont réellement contrôlables, comme la pression artérielle et le taux de cholestérol, et la randomisation mendélienne permettrait d’identifier quelles personnes cibler et avec quel traitement préventif pour en tirer le plus grand bénéfice possible.

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