Pneumologie
Asthme : les oméga-3 pendant la grossesse diminuent le risque chez l’enfant
Donner à la future maman, à partir du 3e trimestre de grossesse, une supplémentation en acide gras oméga-3 entraînerait une réduction relative de 30 % de la prévalence de l’asthme durant les 5 premières années de vie de son enfant.
- Jo Christian Oterhals - Flickr
Réduction relative de 30,7 % du risque d’asthme chez l’enfant dont la mère a été supplémentée en oméga-3 durant le dernier trimestre de la grossesse, tel est le résultat d’une étude prospective danoise publiée dans le NEJM. C ’est une vaste étude en double aveugle, oméga-3 versus placebo (huile d’olive). 736 femmes enceintes ont reçu à partir de la 24ème semaine de gestation 2,4 grammes d’acides gras polyinsaturés à longue chaîne. Puis leurs enfants ont été suivis pendant 3 à 5 ans.
Le critère principal de l'étude était les sifflements respiratoires et l’asthme chez les 695 enfants inclus dans l’étude. Après trois ans de suivi, les auteurs ne retrouvent que 16,9 % d'enfants du groupe oméga-3 qui ont développé un asthme versus 23,7 % dans le groupe placebo, soit une diminution absolue de 7 % (p = 0,035), correspondant à une réduction relative de 30,7 %.
Alicaments en prévention
L'analyse préspécifiée de sous-groupe suggère que l'effet protecteur est plus important chez les enfants de mères dont les taux sanguins d'acides eicosapentaénoïque et docosahexaénoïque sont dans le tiers le plus bas de la population étudiée à la randomisation.
Pour expliquer ces effets, il faut rappeler les propriétés anti-inflammatoires des oméga-3 et leur potentiel anti-oxydant sur les cellules, auxquels il faut ajouter leur effet facilitateur sur la fluidité des membranes et l'aide au maintien d'une homéostasie de la production d'énergie.
En fait, ces alicaments que sont les oméga-3 renvoient à des notions d'aliments protecteurs ou au contraire délétères : par exemple les viandes fumées et les charcuteries sont peu recommandées pour la BPCO et l'asthme, comme cela vient d'être publié dans la revue Thorax. A l'inverse, certaines substances sont protectrices comme les fibres ou peut-être la vitamine D. Cette étude confime donc que la manière dont on se nourrit peut prévenir l'incidence de certaines maladies respiratoires chroniques, comme cela a été montré pour les affections cardiovasculaires.
Résultats significatifs et maintenus à 5 ans
A noter que ces résultats sont significatifs et que les bénéfices se maintiennent à 5 ans. Cela signifie-t-il qu’il faut supplémenter de façon systématique toutes les femmes à partir du dernier trimestre de grossesse ? Difficile d'édicter des recommandations d'après une seule étude, il faudrait en réaliser au moins une autre aussi puissante pour l’affirmer, ce qui n'est pas facile.
L’inconvénient de ces huiles de poisson tient dans leur tolérance : elles génèrent des odeurs plus ou moins désagréables chez la personne qui en consomme. De plus, elles sont souvent à l’origine de troubles digestifs variés. Dans cette étude, la forme galénique des oméga-3 est améliorée : ils se présentent en effet sous forme de triacylglycérol qui serait bien mieux toléré.
D'après un entretien avec le Pr Christophe PISON, pneumologue, CHU de Grenoble

Cured meat intake is associated with worsening asthma symptoms











